Une fois encore, la Guinée est à la croisée des chemins. Après les départs des Présidents Lansana Conté, Dadis Camara, Sékouba Konaté, et aujourd’hui Alpha Condé, en treize ans le pays est à sa seconde Transition. Un nouveau chapitre de l’histoire politique guinéenne est en marche. C’est le signe que la crise du vivre ensemble et de la représentation est profonde dans notre pays. Ne nous voilons pas la face, la société guinéenne est malade. Dans les rapports entre composantes, dans la manière de penser sur elle-même et son évolution, dans ses rapports avec les autres en oubliant qu’elle doit être une nation.
La transition qui s’ouvre pourra-t-elle-être enfin le sursaut collectif et conscient de ce malaise et y apporter la solution idoine ? La crise est l’aboutissement du dérèglement progressif de l’ordre établi. L’ensemble des composantes de la société a sa part de responsabilité avec des degrés variant en fonction du statut et des rôles des acteurs dans la société. L’Elite a une grande part dans ce délitement social. Toutes les offres publiques socio-politiques et économiques sont faites pour satisfaire prioritairement son ego.
La gestion de la transition qui s’annonce va être un véritable défi à la nation guinéenne. Elle est différente de sa prédécesseur de 2009-2010, et de celle d’autres pays dans plusieurs de ses composantes (justification, acteurs, etc.,) dont le contexte historique n’est pas le moindre.
Les défis ont pour nom entre autres :
-Au-delà des mots, l’acceptation commune que la Guinée est un bien commun, et partant la mise en place d’une dynamique sincère de construction de l’harmonie entre les guinéens
-Définir les bases d’un Etat conscient de ses responsabilités favorisant la stabilité, la paix, le progrès économique, la Justice sous toutes ses formes, et comptable vis-à-vis de la nation
-Créer les bases d’une culture de la confiance entre toutes les composantes sociales
Comment Sauvegarder, promouvoir et gérer le patrimoine national
-Identifier des axes de renforcement de la sécurité et de la justice pour permettre un renforcement des relations entre citoyens et institutions concernées.
– la question de l’exclusivité et de la représentativité. Conakry n’est pas représentatif de toute la Guinée. Après la bonne initiative de la consultation des acteurs, il est regrettable qu’on ait oublié le secteur qui fournit plus de 70% de l’emploi dans le pays et presque le même nombre en terme d’habitants, à savoir les représentants du monde agricole. Etc.
La transition, écartelée entre les différents agendas,( Secteur privé, Partis politiques divisés et pressés d’en découdre, la multitude d’organisations de la société civile, la pression des acteurs internationaux ,les calomnies et la désinformation sur les réseaux sociaux et certains medias, le tout sous le regard impuissant des citoyens au nom desquels, sans mandats, on parle et on décide. La tache est ardue. Selon Einstein.» Chacun va dire changement, changement. Mais en oubliant que le vrai changement commence par soi-même »
Il faudra beaucoup de sagesse et de lucidité aux différents acteurs de cette transition pour résister aux multiples pressions et intérêts contradictoires pour réussir cette transition afin qu’une autre ne vienne plus dans le pays.
Le Pr Alpha Condé dont l’intégrité physique est préservée selon la mission de la CEDEAO, et pour laquelle le CNRD est a féliciter et encourager dans ce sens- et .les nouvelles autorités comme l’ensemble des FDS sont aussi des guinéens .Nous ne devons pas accepter que la politique nous divise. Quelques soient nos intérêts corporatistes. L’intérêt national n’est pas le produit de l’intérêt individuel.
Mais l’intérêt général est un puissant facteur de développement de celui individuel. Quand il ya un malheur c’est toute la population qui en souffre. Quand il y a le bonheur, il en profitera tout autant à tout le monde. En cela la population guinéenne a une confiance dans l’armée. Continuer à cultiver cette confiance. Certes si l’espace public et politique, dans un environnement de pauvreté est aussi difficile à gérer que celle d’une position avancée, dans les marécages d’une zone de bataille.
Le changement, par nature chez l’être humain, est caractérisé par deux attitudes différentes. D’une part, l’inquiétude face a l’inconnu, et d’autre part l’espoir quand au positif qui peut en sortir. Dans cette période d’incertitude et d’interrogation sur le devenir de notre pays, la sagesse serait que les guinéens acceptent de se donner avec sincérité la main dans la paix, le respect, la tolérance, et l’écoute de l’autre. Pour construire ensemble cette transition vers des horizons nouveaux porteurs de notre avenir commun. En rassurant les inquiets, et amplifier l’espérance raisonnable des optimistes.
Puisse Allah répandre sa miséricorde sur le pays.
Bakary Fofana citoyen