Le procès de l’ancienne Première dame ivoirienne débutera le 22 octobre devant la Cour d’assises d’Abidjan, a annoncé mardi Hervé Gouaméné, l’un de ses avocats. Sous le coup d’un mandat d’arrêt international, Simone Gbagbo est notamment accusée de crimes contre l’humanité. L’avocat principal, Me Ange Rodrigue Dadje, a confirmé à Jeune Afrique avoir été informé de cette date du 22 octobre la semaine dernière par le Parquet général d’Abidjan. Il a ajouté avoir « pris acte de la décision ».
Simone Gbagbo fait partie des plus de 80 cadres du Front populaire ivoirien dont le procès débutera également à la même date. Des personnalités comme Pascal Affi Nguessan, Gilbert Marie Aké N’Gbo, Sangaré Abou Dramane ou Michel Gbagbo sont notamment concernés. Les avocats seraient en négociation concernant les conditions de comparution de leurs clients. Le procureur de la République a notamment la possibilité de les faire comparaître en liberté ou de les transférer à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) et de les placer sous écrou jusqu’à la fin du procès.
Toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt de la CPI
Arrêtée le 11 avril 2011 en compagnie de son mari, détenue à Odienné, Simone Gbagbo est aussi sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, qui l’accuse de crimes contre l’humanité, mais la justice ivoirienne refuse qu’elle soit jugée à La Haye, où Laurent Gbagbo est incarcéré depuis plus de deux ans, arguant que son système judiciaire est désormais en mesure d’organiser son procès de manière équitable.
Les jurés du procès ont été tirés au sort lundi, ont déclaré les deux avocats. Il s’ensuivra l’interrogatoire sur l’identité des accusés, une des formalités avant d’aller au procès, a commenté Me Dirabou, qui défend Gilbert Aké N’Gbo, ex-Premier ministre sous Laurent Gbagbo.
Une justice à deux vitesses ?
Pour le moment, aucun partisan important d’Alassane Ouattara n’a en revanche été inquiété par la justice, poussant une partie de la société civile ivoirienne à dénoncer une justice des vainqueurs, se joignant aux dénonciations de Charles Blé Goudé dont l’audience de confirmation des charges avaient lieu début octobre à La Haye. « Les vrais criminels ne sont pas ici, ils sont à Abidjan », a notamment déclaré l’ancien « général de la rue ».
De passage à Jeune Afrique début octobre, le vice-président de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), l’Ivoirien Drissa Traoré, a également fait part de son insatisfaction au sujet du fait qu’un seul camp ait été poursuivi, appelant à une justice plus impartiale. « Il ne s’agit pas uniquement de rééquilibrer », ajoutait-il, avant de conclure : « c’est un élément essentiel, notamment en vue des échéances électorales à venir ».