Le président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé avoir accordé des grâces à 3 100 détenus de la crise postélectorale, dans son traditionnel discours à la nation à la veille du Nouvel An.
« J’ai décidé d’user de mon droit de grâce en procédant à des remises totales et partielles de peines. Cette décision permettra à des milliers de détenus de recouvrer immédiatement la liberté et à d’autres de voir leur peine réduite. Il s’agit au total de 3.100 personnes », a déclaré le président, réélu dès le premier tour (avec 83,66% des suffrages) en octobre pour un nouveau mandat de 5 ans.
« J’invite donc tous mes concitoyens à saisir cette nouvelle opportunité en vue d’un rassemblement de la nation et de la consolidation de la paix », a ajouté M. Ouattara qui a une nouvelle fois réitéré sa volonté d’organiser un référendum constitutionnel pour 2016 et promis de lutter contre la pauvreté et le chômage des jeunes.
Pendant la campagne, l’opposition, qui a sans cesse réclamé la libération des prisonniers politiques », a reproché à Ouattara de ne pas avoir réconcilié le pays et de mettre en oeuvre une « justice des vainqueurs », qui ne s’intéresse qu’aux auteurs d’exactions du camp de l’ancien président Laurent Gbagbo mais pas à ceux de son propre camp.
« 70 prisonniers politiques » libérés
Une présidentielle apaisée et crédible dans ce pays, premier producteur mondial de cacao et poids lourd économique d’Afrique de l’Ouest, était jugée fondamentale pour tourner définitivement la page des violences meurtrières qui ont fait 3000 morts après victoire en 2010 de Ouattara sur Laurent Gbagbo.
Quelque 70 prisonniers politiques ont été libérés en 2015 selon un décompte de la presse locale.
Jeudi, Sébastien Dano Djedjé, un ancien ministre proche de Laurent Gbagbo, a bénéficié d’une mesure de liberté provisoire après sept mois de détention après avoir affiché son soutien à l’ex-président ivoirien poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI).
« Violence et voies de faits »
M. Djedjé est poursuivi pour « discrédit sur une décision de justice, violence et voies de faits sur les forces de l’ordre, rébellion et atteinte à l’ordre public ».
Laurent Gbagbo est écroué depuis fin 2011 à La Haye, où il doit être jugé par la CPI pour des « crimes contre l’humanité » présumés commis lors de la crise postélectorale de 2010-2011.
Née de son refus de reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara à la présidentielle de novembre 2010, la crise a fait plus de 3.000 morts en cinq mois de violences.
« Le plus important c’est que ce qu’il a annoncé soit effectif », a réagi Désirée Douati, la présidente des femmes et famille de détenus d’opinion de Côte d’Ivoire (AFFDO-CI), auprès de l’AFP.
« On est particulièrement déçus, en utilisant l’article 45 (droit de grâce), ce sont les prisonniers de droit commun qui vont être graciés mais quant aux prisonniers politiques, cette grâce ne résout pas le problème », a estimé de son côté, Séri Gouagnon, membre du part de Gbagbo.
afp