En raison de l’augmentation des cours mondiaux, le prix de l’huile de palme a augmenté ces dernières semaines dans les supermarchés ivoiriens. Les associations de consommateurs s’insurgent tandis que le gouvernement tente de rassurer.
Pour les ménages ivoiriens, l’année 2021 aurait pu mieux commencer. Conséquence de l’augmentation du cours mondial de l’huile de palme, liée notamment à un resserrement de l’offre dans les principaux pays producteurs en Asie (la production ivoirienne – 55 0000 tonnes – ne représente que 2 % de l’offre mondiale), le litre se vend plus cher dans les boutiques et les supermarchés du pays depuis quelques jours.
« Le prix du bidon de 25 litres de Dinor est passé de 20 000 à 24 500 FCFA [30,5 à 37,3 euros], celui du bidon de 20 litres de la marque Aya de 16 000 à 19 500 FCFA [24,3 à 29,7 euros] et la bouteille de 1,5 litre de 1 450 à 1 700 FCFA [2,2 à 2,6 euros] », précise le Secrétariat exécutif du Conseil national de lutte contre la vie chère (CNLVC).
Cette hausse « n’est toutefois pas de l’ampleur annoncée », explique cette structure gouvernementale, qui précise que la Côte d’Ivoire n’est pas la seule à en faire les frais puisqu’elle touche d’autres pays ouest-africains, comme le Sénégal. Le gouvernement ivoirien, via le ministère du Commerce et de l’Industrie, tient à assurer aux consommateurs ivoiriens « qu’il travaille de concert avec les industriels pour amoindrir l’impact du coût de la hausse mondiale du prix de l’huile », assure le CNLVC. Les acteurs de la filière étaient d’ailleurs conviés lundi 11 janvier, en fin de journée, à une réunion de travail au ministère, à l’issue de laquelle aucune information n’a filtré, malgré nos demandes répétées d’interviews.
« Rien ne justifie une telle hausse »
Au sein de la Fédération des associations de consommateurs actifs de Côte d’Ivoire (Facaci), l’inquiétude et l’incompréhension demeurent. « Il y a une disproportion entre l’augmentation du cours de 5 à 7 % et l’augmentation en bout du chaîne, qui peut atteindre jusqu’à 40 % pour le consommateur. Rien ne justifie une telle hausse. Il semble que chaque intermédiaire de cette chaîne ait décidé d’en profiter », regrette son président, Alain Tahi.
Depuis le 29 avril 2020, un décret gouvernemental plafonnait les prix de cinq produits de grande consommation, dont l’huile de table raffinée, dans le but de soulager les finances des ménages ivoiriens, touchés de plein fouet par la pandémie de la Covid-19. Cette mesure n’est toutefois plus effective depuis le 9 décembre, déplore la Facaci, qui regroupe une quinzaine d’associations de consommateurs. Elle exige désormais que l’exécutif fasse marche arrière.
NOUS CRAIGNONS UNE INFLATION GÉNÉRALISÉE
« Nous avons laissé au gouvernement jusqu’à ce mercredi 13 janvier, jour du conseil des ministres, pour trancher la question et revenir au plafonnement », indique Alain Tahi. Dans le cas contraire, il promet des actions de boycott et de blocage des sites industriels. Environ deux millions d’Ivoiriens vivent du secteur palmier à huile, qui rapporte 550 milliards de FCFA au pays chaque année.
D’autant que la Facaci craint désormais une augmentation des prix sur d’autres produits, alors qu’une rumeur infondée d’une hausse du prix du pain ne cesse de circuler : « Nous avons déjà constaté une augmentation sur certaines marques de riz. Nous craignons une inflation généralisée ».
JA