L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en Afrique (www.Afro.WHO.int) s’est jointe aux experts en vaccination pour exhorter la communauté internationale et les pays africains à prendre des mesures concrètes afin d’assurer un accès équitable aux vaccins de COVID-19, au moment où les chercheurs du monde entier se lancent dans une course pour trouver une protection efficace contre le virus.
« Il est clair qu’au moment où la communauté internationale se réunit pour mettre au point des vaccins et des thérapeutiques sûrs et efficaces pour le COVID-19, l’équité doit être au centre de ces efforts », a déclaré Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. « Trop souvent, les pays africains se retrouvent tout au bas de la liste pour les nouvelles technologies, y compris les vaccins. Ces produits vitaux doivent être accessibles à tous, et pas seulement à ceux qui ont les moyens de les payer. »
L’OMS et ses partenaires ont lancé l’accélérateur d’accès aux outils COVID-19 (ACT) pour accélérer le développement, la production et l’accès équitable aux diagnostics, aux thérapies et aux vaccins de COVID-19. Il réunit des dirigeants de gouvernements, d’organisations de santé mondiales, de groupes de la société civile, d’entreprises et de philanthropies pour s’assurer d’une répartition équitable des ressources face à la pandémie de COVID-19. L’OMS collabore avec Gavi, l’Alliance pour les vaccins, et la coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI) afin d’assurer une allocation équitable des vaccins à tous les pays, visant à fournir deux milliards de doses dans le monde pour les populations à haut risque, dont un milliard pour les pays à faible et moyen revenu.
L’Union Africaine a approuvé la nécessité pour l’Afrique de mettre en place un cadre permettant de s’engager activement dans le développement et l’accès aux vaccins de COVID-19. Les pays peuvent dès à présent prendre des mesures qui renforceront les systèmes de santé, amélioreront l’administration de la vaccination et ouvriront la voie à l’introduction d’un vaccin contre le COVID-19. Ces mesures comprennent : la mobilisation de ressources financières, le renforcement de la fabrication locale de vaccins et des systèmes de réglementation, d’approvisionnement et de distribution, le renforcement des compétences et des connaissances de la main-d’œuvre, l’amélioration des services de proximité et l’écoute des préoccupations des communautés pour contrecarrer la désinformation.
Au niveau mondial, il existe près de 150 candidats vaccins de COVID-19 et 19 sont actuellement en cours d’essais cliniques. L’Afrique du Sud est le premier pays du continent à lancer un essai clinique avec l’université de Witwatersrand à Johannesburg, pour tester un vaccin développé par l’Institut Jenner d’Oxford au Royaume-Uni. Le Ox1Cov-19 Vaccine VIDA-Trial d’Afrique du Sud devrait impliquer 2000 volontaires âgés de 18 à 65 ans et inclure certaines personnes vivant avec le VIH. Le vaccin est déjà en cours d’essai au Royaume-Uni et au Brésil avec des milliers de participants.
Selon l’Académie africaine des sciences, seuls 2 % des essais cliniques menés dans le monde ont lieu en Afrique. Il est important de tester le vaccin de COVID-19 dans les pays qui en ont besoin pour s’assurer de son efficacité. Avec plus de 215 000 cas, l’Afrique du Sud représente 43 % du nombre total de cas de COVID-19 sur le continent. Les essais cliniques doivent être réalisés conformément aux normes scientifiques et éthiques internationales et nationales, qui incluent le consentement éclairé de tout participant.
« J’encourage un plus grand nombre de pays de la Région à se joindre à ces essais afin que les contextes et la réponse immunitaire des populations africaines soient pris en compte dans les études », a déclaré Dr Moeti. « L’Afrique dispose de l’expertise scientifique nécessaire pour contribuer largement à la recherche d’un vaccin de COVID-19 efficace. En effet, nos chercheurs ont contribué à la mise au point de vaccins qui offrent une protection contre les maladies transmissibles telles que la méningite, le virus Ebola, la fièvre jaune et un certain nombre d’autres menaces sanitaires courantes dans la Région. »
Au début de ce mois, le principal groupe consultatif de l’OMS pour l’Afrique sur les politiques et programmes de vaccination – African Regional Immunization Technical Advisory Group (RITAG) – a également souligné la nécessité d’assurer un accès équitable au vaccin de COVID-19 et à d’autres vaccins dans la Région.
« Alors que le monde se concentre sur la recherche d’un vaccin pour le COVID-19, nous devons nous assurer que les gens n’oublient pas que des dizaines de vaccins vitaux existent déjà. Ces vaccins devraient atteindre les enfants partout en Afrique – personne ne doit être laissé pour compte », a déclaré le professeur Helen Rees, présidente du RITAG.
L’analyse initiale de l’impact de la pandémie de COVID-19 sur la vaccination dans la Région africaine suggère que des millions d’enfants africains risquent d’être affectés négativement, car les services de vaccination de routine et les campagnes de vaccination contre la polio, le choléra, la rougeole, la fièvre jaune, la méningite et le papillomavirus humain ont été interrompus.
Malgré ces défis, les membres du RITAG ont également noté des étapes importantes et des indicateurs de progrès. Par exemple, des avancées considérables ont été réalisées dans la lutte contre le poliovirus sauvage, et la Région africaine devrait être officiellement certifiée exempte de poliovirus sauvage en août 2020. La République démocratique du Congo a également annoncé la fin de sa dixième épidémie d’Ebola dans l’est de la RDC, la pire de son histoire. Un vaccin efficace a été déterminant dans la riposte.
Dr Moeti a parlé aujourd’hui du développement du vaccin de COVID-19 en Afrique lors d’une conférence de presse virtuelle organisée par APO Group. Elle a été rejointe par le professeur Shabir Madhi, de l’université du Witwatersrand, chercheur principal de l’essai du vaccin COVID-19 à Oxford en Afrique du Sud, et le professeur Pontiano Kaleebu, directeur de l’unité de recherche ougandaise MCR/UVRI et LSHTM. La conférence a été diffusée en continu sur plus de 300 sites d’information africains ainsi que sur les comptes Twitter et Facebook du Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.
APO