Le chef de l’opposition guinéenne Cellou Dalein Diallo s’est dit déçu mercredi, à l’issue de sa rencontre avec le président Alpha Condé sur la situation politique du pays, qui a enregistré depuis avril plusieurs morts lors de manifestations contre le calendrier électoral.
La présidence, de son côté, a indiqué dans un communiqué que cette audience au Palais présidentiel de Conakry, qui a duré presque une heure, s’est déroulée à huis clos, dans un cadre apaisé.
C’était le premier tête-à-tête depuis trois ans entre les deux hommes, rivaux du second tour de l’élection présidentielle de 2010, visant à renouer le dialogue après un mois et demi de bras de fer autour du calendrier électoral.
Ce calendrier prévoit un scrutin présidentiel en octobre – avec une premier tour fixé au 11 octobre – et des élections locales en mars 2016, alors que l’opposition réclame la tenue des locales avant la présidentielle.
Depuis début avril, l’opposition a organisé des manifestations contre ce calendrier. Des heurts entre ses partisans et les forces de l’ordre ont fait plusieurs morts et des dizaines de blessés.
La rencontre de mercredi, basée sur la relance du dialogue politique après les manifestations de ces dernières semaines, a porté sur trois sujets: les échéances électorales, la lutte contre le développement du fondamentalisme religieux en Guinée et la recherche de solutions de paix au Mali voisin, a expliqué la présidence.
Selon elle, M. Diallo a notamment donné sa lecture du calendrier électoral arrêté par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), et à ce titre, il a rappelé les revendications de l’opposition, à savoir l’organisation préalable des élections locales avant la présidentielle.
Lors de l’audience, c’est moi seul qui ai parlé. J’ai été déçu qu’on n’ait pas échangé. Je m’attendais à mieux que ça, a affirmé à l’AFP Cellou Dalein Diallo.
Le président Condé m’a dit: +Je suis là pour t’écouter. Je vais confronter tes propositions et observations à celles de la mouvance (présidentielle) et moi, en tant que président de la République, au-dessus de la mêlée, je prendrai une décision+, a-t-il ajouté.
– Trouver un consensus –
Lors d’un point de presse à son domicile, le chef de l’opposition a indiqué avoir fait remarquer au président Condé que la Céni devait respecter les accords politiques, faisant référence à un accord de 2013 – non reconnu par Alpha Condé – prévoyant la tenue des élections locales avant la présidentielle.
Je lui ai dit aussi que la Céni ne peut pas invoquer son indépendance pour violer les accords politiques, (…) et que pour corriger tout cela, il est important que la Céni annule dès maintenant le calendrier électoral, notamment la partie qui reporte les élections communales après la présidentielle, a ajouté M. Diallo.
Cellou Dalein Diallo devait rencontrer avant la fin de la journée les autres responsables de l’opposition pour ensemble, prendre une décision.
Le président est dans son rôle d’écouter chacune des parties, afin de trouver un consensus, affirme dans le communiqué le porte-parole de la présidence, Naby Youssouf Kiridi Bangoura.
Le texte fait par ailleurs état de la ferme volonté du chef de l’État guinéen de garantir à ses compatriotes l’organisation d’un scrutin, libre, transparent et apaisé.
La rencontre entre Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo, à l’initiative du président, était initialement prévue le 8 mai mais avait été reportée à la demande du chef de l’opposition, arguant de la répression de rassemblements de ses partisans.
Les opposants soupçonnent le pouvoir de vouloir utiliser les exécutifs communaux désignés par lui, faute de scrutin à cet échelon depuis 2005, pour orchestrer des fraudes, ce que dément catégoriquement Alpha Condé.
AFP