L’événement tragique s’est déroulé à Rouen le vendredi, 19 juillet, après que l’Algérie ait remporté la finale de la Coupe d’Afrique des Nations 2019. Depuis lors, la colère ne cesse de monter sur la toile pour dénoncer la mort et le supposé silence médiatique autour du décès tragique de ce jeune père, universitaire guinéen qui exerçait à Rouen.
Beaucoup de personnalités politiques, d’extrême-droite notamment, ont ainsi insinué qu’il s’agissait d’un crime raciste étouffé par les médias français, alors que des témoignages, notamment d’un des proches de la victime, décrivent une altercation entre l’universitaire et un supporter algérien l’ayant pris pour un Sénégalais.
Âgé de 31 ans, marié et père d’une fille de 2 ans, le jeune chercheur aurait ainsi été pointé du doigt par son agresseur, à la hauteur d’un arrêt de bus, alors qu’il rentrait chez lui en voiture avec son épouse vers 20H30, soit quelques minutes avant le début de la finale, a raconté à l’AFP Kalil Aissata Kéita, également enseignant chercheur à l’Université de Rouen, lui aussi Guinéen et “ami proche” de la victime.
“L’agresseur les a pointés du doigt et a dit : Vous les sales noirs, on va vous niquer ce soir”, a relaté M. Kéita, précisant que l’agresseur était “de type maghrébin”, sans pour autant avoir la certitude qu’il était de nationalité algérienne. Mamoudou Barry serait alors descendu de sa voiture pour demander des explications à son agresseur qui l’aurait roué de coups en représailles. “C’est au 4e coup qu’il est tombé sur la nuque”, a indiqué M. Kéita, qui a raconté avoir été aussitôt appelé par la femme de la victime. Pris en charge par les secours après avoir été laissé sur place par son agresseur, il a été hospitalisé au CHU de Rouen alors qu’il était déjà dans le coma. Il y est décédé le lendemain.
Un suspect interpellé puis hospitalisé
Moins de 72 heures après l’agression mortelle d’un jeune universitaire guinéen près de Rouen, qui a suscité un fort émoi pour son caractère présumé raciste, un homme de nationalité turque, aux antécédents psychiatriques, a été interpellé lundi matin, mais sa garde à vue a été levée pour raison médicale.
Le procureur a confirmé que le suspect avait « déjà été condamné et faisait l’objet d’une mesure décidée par le juge des tutelles ». C’est le signalement d’un proche qui a permis de localiser l’homme « dans un hôtel de Sotteville-lès-Rouen, où les policiers se sont rendus », a-t-on ajouté de source policière. Son état n’étant « pas compatible avec la garde à vue, il va être hospitalisé au Rouvray », l’hôpital psychiatrique du secteur de Rouen, a-t-on encore indiqué.
Selon une source policière, le suspect portait « un maillot du club turc de Galatasaray »
Enseignant-chercheuren France, membre de l’équipe de recherche de Thinking Africa, docteur en Droit de l’Université de Rouen Normandie, Mamoudou Barry avait soutenu une brillante thèse sur “Les politiques fiscales et douanières en matière d’investissements étrangers en Afrique francophone : le cas du secteur des ressources naturelles extractives”, le 27 juin 2019. Ses recherches ont été unanimement saluées par le jury comme une œuvre pionnière dans le domaine.
Mamoudou Barry n’avait que 31 ans et est malheureusement décédé de ses blessures le samedi, 20 juillet 2019, à Rouen.
Afrikmag