Le tribunal militaire de Yaoundé a rendu son verdict, lundi 24 avril, concernant l’affaire Ahmed Abba le correspondant de RFI en langue Haussa. Le tribunal militaire l’a jugé coupable de non-dénonciation et blanchiment du produit d’un acte terroriste. Nos confrères de RFI indiquent que Ahmed Abba a été condamné à 10 ans de prison ferme et à verser une amende d’environ 56 millions de francs CFA (85.000 euros)
La défense de Ahmed Abba qui clame toujours l’innocence de notre confrère a déjà annoncé qu’elle fera appel. Selon ladite défense, le dossier d’Ahmed Abba est vide et aucun élément de preuve concernant les accusations portées contre lui n’a été fourni
Rappelons que tout a commencé en juillet 2015. Ahmed Abba, correspond de RFI à Maroua, dans l’Extrême-Nord du Cameroun, a été arrêté. Après cela, plusieurs mois de détention ont suivi dans le secret à Yaoundé. Pendant tout ce temps, il aurait subi des tortures et a dû attendre quatre mois pour enfin parler à son avocat.
D’après Me Charles Tchoungang l’infraction de blanchiment des actes de terrorisme n’a pas pu être vérifiée.
« Nous pensons qu’il faut que ce dossier soit réexaminé par des juges qui n’ont pas la passion, ni la pression qui a entouré ce dossier pendant 23 mois, a-t-il expliqué. On vous dit : vous avez blanchi les produits du terrorisme. Mais on ne vous dit pas quel est le produit que vous avez blanchi. A-t-on saisi des armes, des véhicules ou des munitions qui auraient été sous-traités par un agent terroriste à M. Abba pour le blanchir ? La réponse est non. »
« C’est une punition contre la presse, c’est une volonté de criminaliser le métier de journaliste au Cameroun, a réagi Denis Nkwebo, président du Syndicat national des journalistes du Cameroun. Parce que tout ce qu’on reproche à Ahmed Abba, c’est d’avoir été en situation professionnelle. A aucun moment dans ce procès, on ne nous a donné la preuve qu’il a été impliqué dans quelque chose de grave. La presse était jusqu’ici sous le coup d’une oppression silencieuse, et la condamnation d’Ahmed Abba est un message fort à l’endroit des journalistes qui osent encore exercer ce métier dans ce pays où l’on nous dit tous les jours qu’on est en démocratie. »
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