Un homme en uniforme est apparu ce matin à la télévision nationale pour annoncer la dissolution du gouvernement de transition et du Conseil national de transition. Des tirs sont en cours à Ouagadougou, quadrillée par des patrouilles du RSP.
Alors que la situation était confuse depuis hier après-midi à Ouagadougou, un homme en uniforme est apparu tôt, ce 17 septembre au matin, à la télévision nationale. Il a annoncé la dissolution du gouvernement et la « démission » du président. Il semblerait s’agir d’un élément du RSP qui s’est présenté comme membre d’un Conseil national pour la démocratie (CND), un organe inconnu jusqu’ici.
Mercredi après-midi, des membres du Régime de sécurité présidentielle (RSP) ont pris en otage le président de la transition, Michel Kafando, et le Premier ministre, Isaac Zida. Un coup de force qui ressemblait à un nouveau mouvement d’humeur du régiment de sécurité présidentielle (RSP), mais qui vient de prendre la forme d’un véritable coup d’État. À un mois de l’élection présidentielle qui devait permettre au pays de sortir de son régime de transition, voilà le Burkina à nouveau plongé dans l’incertitude.
10h57 : Depuis une dizaine de minutes, les putschistes font lire leur déclaration en langue locale à la télévision nationale.
10h55 : Selon une journaliste sur place, des tirs continuent de se faire entendre dans le centre de Ouagadougou. Ceux-ci seraient réguliers depuis 7h du matin, tandis que des manifestants tentent toujours de s’opposer au coup d’État dans la rue en scandant « Libérez Kosyam », notamment devant le palais du Mogho Naba.
10h48 : La chef de la diplomatie de l’Union européenne a appelé à la libération immédiate du président et des membres du gouvernement. « L’UE appelle à la libération immédiate des personnes retenues et au respect de la transition et de l’intérêt général », a indiqué Federica Mogherini dans un communiqué.
« Les développements au Burkina Faso avec la séquestration du président de la transition ainsi que d’autres ministres, mettent en péril la transition et la voie vers les élections du 11 octobre prochain, estime Mme Mogherini. « L’UE soutient les efforts en cours par les représentants de l’ONU, de l’Union africaine et de la Cedeao pour obtenir la libération des otages », précise-t-elle.
10h40 : L’homme en uniforme s’étant exprimé à la télévision nationale serait Abdoulaziz Korogo. Ce militaire est chef de corps par intérim du RSP depuis août, date à laquelle le lieutenant-colonel Coulibaly, le titulaire du poste et ancien aide de camp de Blaise Compaoré, a débuté une formation à l’étranger.
10h23 : Plusieurs candidats à la présidentielle d’octobre ont réagi au coup de force du RSP. Le premier a été Jean-Baptiste Natama. « Nous désapprouvons tout acte de nature à remettre en cause le processus électoral devant mettre fin à la transition », a-t-il déclaré sur Twitter. « Les autorités de la transition par leur compromission et tricherie face aux principes de justice et de neutralité ont mis en péril le Burkina Faso », a-t-il ajouté.
Françoise Toé, tout comme Adama Kanazoé, a quant à elle condamné les agissements du RSP et a appelé « tous les démocrates et tous les républicains à s’opposer à cette énième tentative de restauration de l’ancien régime ». Enfin, l’un des favoris du scrutin présidentiel, Roch Marc Christian Kaboré a tenu « à réaffirmer avec force que la transition politique engagée depuis novembre 2014 doit aller jusqu’à son terme et que le calendrier électoral doit être scrupuleusement respecté, dans l’intérêt supérieur des burkinabè ». Il « réaffirme qu’il est contre la prise du pouvoir par la force qui est contraire à l’idéale et aux principes démocratiques, à la constitution et à la charte de la transition » et « exige la libération immédiate et sans condition du gouvernement et la reprise de ses activités ».
10h19 : Il n’y aucune nouvelle du président Kafando, dont la démission a été annoncée, et du Premier ministre Zida, toujours détenus par les soldats du RSP.
10h10 : « Les forces patriotiques et démocratiques alliant toutes les composantes de la nation et réunies au sein du Conseil National pour la Démocratie (CND), ont décidé de mettre un terme au régime déviant de la transition », annonce un communiqué diffusé le 17 septembre. « Le régime de transition s’est progressivement écarté des objectifs de refondation d’une démocratie consensuelle », se justifie le Conseil national pour la démocratie, qui explique son opposition à la loi électorale excluant certains anciens proches de Blaise Compaoré de la présidentielle d’octobre.
« L’intervention du CND a pour but principal d’enclencher un processus cohérent, juste et équilibré devant conduire à la mise en place d’un système institutionnel robuste », poursuit le document qui annonce la démission du président de la transition, Michel Kafando, la dissolution du gouvernement et du Conseil national de transition et la mise en place d’une concertation en vue de la formation d’un nouveau gouvernement de cohésion nationale.
AFP