En 2020, plus de 38 millions de passagers ont emprunté le train, soit une hausse de 25% en une décennie, rendue possible par une ambitieuse politique de développement du réseau ferré
Il est 8h du matin. Le soleil se lève sur la vibrante métropole de Casablanca, bordée par l’océan Atlantique. D’un pas vif, Mohamed Al Mamoune en arpente les artères bondées. Il se dirige vers la gare ferroviaire direction Rabat, la capitale du Royaume, où un client l’attend.
Jeune trentenaire, d’origine sénégalaise, Mohamed est entrepreneur dans les métiers du numérique. Il accompagne des sociétés, réparties dans tout le Royaume, dans leurs stratégies de communication et les aide à développer leur identité visuelle. Un métier qui l’amène à se déplacer régulièrement à travers le pays pour démarcher de nouveaux clients. Pour cela, il privilégie un mode de transport de plus en plus utilisé par les Marocains : le train.
« Pouvoir me déplacer facilement dans tout le pays, c’est important. La plupart de mes trajets, je les fais en train. Lorsque je compare avec le prix du transport routier, le train est beaucoup plus économique et beaucoup plus écologique. En plus, je gagne du temps. Le train me permet d’aller chercher de nouveaux clients », affirme Al Mamoune.
Comme lui, des millions de voyageurs au Maroc ont fait le choix de privilégier le transport ferroviaire. En 2020, plus de 38 millions de passagers ont emprunté le train, soit une hausse de 25% en une décennie, rendue possible par une ambitieuse politique de développement du réseau ferré. L’objectif est de répondre au besoin de mobilité des citoyens qui s’est accru avec l’essor économique, industriel et touristique du Royaume. Et surtout faire du train un véritable trait d’union qui rapproche les territoires.
L’Office national des chemins de fer (ONCF) a, durant ces dix dernières années, lancé des chantiers spectaculaires. Le plus remarquable d’entre eux est, sans conteste, la construction de la première ligne à grande vitesse du continent africain, reliant Tanger à Casablanca en un peu plus de deux heures.
Si le train à grande vitesse (TGV) est emblématique des ambitions du Royaume, c’est bien l’ensemble du réseau ferré qui a été modernisé et renforcé. La Banque africaine de développement (www.AfDB.org) y a contribué en apportant 300 millions d’euros à l’ONCF pour financer le projet d’augmentation de la capacité de l’axe ferroviaire Tanger-Marrakech (https://bit.ly/2QC81z0). Ce financement a permis d’augmenter le nombre de voies ferrées, de moderniser la signalisation, de bâtir de nombreux ouvrages comme la gare dernière génération de Casa-Port ou encore de construire le poste central de commande de la signalisation.
La Banque ne se limite pas seulement à un simple financement, elle apporte aussi un accompagnement soutenu, salué par le directeur général de l’ONCF, Mohamed Rabie Khlie : « La Banque africaine de développement est un partenaire historique. Elle a toujours accompagné l’ONCF, dès les années 1990. Au-delà du financement à un taux préférentiel, nous avons bénéficié d’un accompagnement technique des équipes de la Banque qui sont à notre écoute. »
Les efforts déployés par le Maroc dans le secteur ferroviaire ont ainsi porté leurs fruits. Selon Ahmed Bouhaltit, directeur de l’ingénierie de l’ONCF, « le réseau a connu une révolution ces dix dernières années. Une ligne à grande vitesse, un dédoublement des voies vers Marrakech, un triplement des voies entre Kenitra et Casablanca, sans oublier la modernisation du système d’exploitation, aujourd’hui beaucoup plus intelligent, et beaucoup plus efficace. Pour le voyageur, c’est plus de confort, plus de sécurité et plus de ponctualité. C’est incomparable ! »
Si la mobilité des Marocains a fortement progressé grâce à la modernisation du réseau ferré, ce n’est pas le seul objectif poursuivi par l’ONCF, selon son directeur général. « À travers ces projets, nous espérons doubler, voire tripler le nombre de passagers dans le réseau. Et au‑delà, être dans une logique du développement du fret logistique pour accompagner le développement socio-économique de notre pays. »
Le développement de l’offre de transport de marchandises a favorisé l’émergence de nouveaux pôles industriels. En se dotant d’infrastructures ferroviaires modernes, le Maroc a su attirer de nombreux investisseurs, notamment dans le secteur automobile. Souhail Tantaoui, responsable « Flux Aval » au sein de la filiale marocaine du constructeur français PSA, le confirme. « Le réseau ferroviaire est, pour nous, très important. Chaque jour, deux trains transportent, chacun, 280 véhicules. Cela nous permet d’évacuer notre production quotidienne vers le port de Tanger Med pour l’exporter ensuite vers l’Europe et à travers le monde. Le train est ponctuel et a des avantages en termes de délais. Il évite la circulation sur route de l’équivalent de 35 camions par jour pour acheminer nos véhicules. »
Écologique et pratique, le rail s’est rapidement imposé comme le mode de transport privilégié pour de nombreux acteurs économiques au Maroc. Depuis 2010, le réseau ferroviaire national a doublé sa capacité de transport de marchandises, passant de vingt trains par jour en 2010 à quarante en 2020.
« Le Maroc envisage d’élargir de plus en plus son réseau ferroviaire. C’est une bonne nouvelle car cela me permettra de développer mon activité, se réjouit Mohamed Al Mamoune. En tant qu’Africain, je pense que nos pays devraient faire la même chose : développer le train. Cela leur permettrait de tirer leur économie vers le haut. »
Aujourd’hui, le Maroc dispose d’un réseau ferré moderne, sûr et fiable. Une infrastructure, à la pointe de la technologie, qui renforce l’attractivité du Royaume et améliore les conditions de vie des populations. C’est l’objectif de la Banque africaine de développement, qui participe à une Afrique plus écologique, plus innovante et plus compétitive.
APO