Une mosquée ouverte aux homosexuels, traitant les femmes et les chrétiens sur un pied d’égalité, a ouvert ses portes vendredi au Cap, sans aucun incident majeur, malgré des menaces de manifestations hostiles.
L' »Open Mosque » (Mosquée ouverte) était cependant plus largement remplie de journalistes que de fidèles pour cette toute première prière du vendredi. Des forces de police étaient positionnées près de l’édifice, et les quelques protestataires musulmans se sont contentés de cris hostiles comme « Vous irez en enfer ». « Nous mettrons fin à ça, de n’importe quelle manière », a lancé l’un des manifestants à l’AFP devant la modeste mosquée, un ancien atelier de tôlerie coincé entre deux garages automobiles dans un quartier du Cap.
Taj Hargey, né en Afrique du Sud mais directeur du Centre d’éducation musulman d’Oxford, est le fondateur de la « Mosquée ouverte », qu’il voit comme « une révolution religieuse », qui doit s’inscrire dans la lignée de la révolution politique que fut la prise de pouvoir par Nelson Mandela en 1994, après des décennies d’un régime de ségrégation raciale.
Dans son premier prêche, ce théologien a condamné la tension croissante dans le monde entre Musulmans et Chrétiens, qu’il a attribuée à « la théologie pervertie » de pays comme l’Arabie Saoudite ou le Pakistan, qui fournissent selon lui le terreau où poussent les groupes fanatiques comme l’organisation de l’Etat Islamique ou Boko Haram au Nigeria.
Après la prière, M. Hargey a assuré aux journalistes avoir été l’objet de menaces physiques et psychologiques lorsqu’il a a annoncé son projet. « On m’a menacé de me castrer, de me décapiter, de me pendre par les pieds. Mais l’Afrique du Sud a la Constitution la plus libérale du monde, ils ne pouvaient pas nous empêcher d’ouvrir aujourd’hui ».
Minée par la violence criminelle et parfois politique et sociale, l’Afrique du Sud est paradoxalement un pays où la tolérance religieuse et la cohabitation harmonieuse entre toutes les confessions sont ancrées dans la culture nationale. L’Afrique du Sud est un pays majoritairement chrétien, où coexistent de multiples églises, mais compte une minorité de 737.000 musulmans, soit 1,5% de la population, essentiellement d’origine indienne, selon des chiffres du centre de recherche PEW. Hargey n’en est pas à sa première polémique religieuse: en Grande-Bretagne, il avait lancé une campagne pour bannir la burqa.
AFP