L’ouverture de la session parlementaire en Afrique du Sud a tourné au chaos et à la bagarre jeudi soir. L’opposition de gauche a interrompu pendant une heure le discours du président Zuma, provoquant ainsi l’intervention des forces de l’ordre.
Les 25 députés du leader populiste radical Julius Malema avaient prévenu: ils ne laisseraient pas le président prononcer son solennel discours sur l’état de la Nation aussi longtemps qu’il refuserait de répondre aux questions sur le scandale de la rénovation de sa résidence personnelle aux frais du contribuable.
Les EFF (Combattants de la liberté économique) ont tenu parole: intervenant un à un sous prétexte de question de procédure, ils ont demandé au chef de l’Etat de s’expliquer. M. Zuma est resté muet, mais la présidente du parlement n’a pas réussi à faire taire les opposants, qui siégeaient comme à leur habitude en combinaisons oranges d’ouvriers, bottes en caoutchouc et casques de chantier.
La présidente a alors demandé aux forces de sécurité d’évacuer les trublions. Quelques échanges de coups de poing plus tard, les EFF étaient conduits hors de l’hémicycle.
Seul devant sa majorité
Restés dans la salle, les députés de l’opposition libérale Alliance démocratique, premier parti d’opposition, ont vivement dénoncé l’intervention de la police à l’intérieur du parlement, jugeant qu’il s’agissait d’une violation de la Constitution. Ils ont finalement quitté les lieux en signe de protestation.
C’est donc devant les seuls députés de sa majorité ANC, le parti au pouvoir depuis l’élection du premier président noir, Nelson Mandela, en 1994, que Jacob Zuma a prononcé, avec plus d’une heure de retard, son discours.
Les EFF essaient vainement d’obtenir une réponse du président sur le « Nkandlagate », une affaire qui empoisonne la vie politique sud-africaine depuis des mois. La résidence privée du chef de l’Etat, située à Nkandla, dans l’est rural du pays, a été rénovée par l’Etat pour un montant d’environ 19 millions d’euros, sous couvert de travaux de sécurité.
La très respectée médiatrice nationale, Thuli Madonsela, a demandé en 2014 à M. Zuma de rembourser une partie de la somme, mais ce dernier a superbement ignoré l’injonction. Des commissions d’enquête diligentées par l’ANC ont conclu que le président n’avait commis aucune erreur ni aucun abus de biens publics.
AFP