C’est invraisemblable de constater, en termes de sécurité individuelle, que des citoyens d’un pays restent sans un seul moyen de se procurer du document qui permet leurs identifications.
Les pièces d’identification des guinéens ne sont plus disponibles dans les Commissariats de Police du pays : le phénomène est constaté sur l’ensemble du territoire national, et cela depuis près de deux (2) ans maintenant.
Les autorités compétentes ne donnent jusque-là la moindre information à propos de ce manque de copies de Carte d’Identité Nationale (CIN) dans les Commissariats.
Celles en circulation arrivent progressivement à échéance, mettant du jour au lendemain les paisibles citoyens dans des situations inconfortables ; non seulement par rapport à leur propre sécurité (en cas d’imprévue), mais aussi la facilitation des activités quotidiennes à bien des égards.
Sans parler de la frange de la population qui a atteint l’âge de posséder une CIN, ce sont l’ensemble des guinéens qui restent aujourd’hui exposés à un risque indescriptible, faute de documents pouvant garantir leur mieux-être.
Dans une banque de la place, le spectacle est ridicule. Au guichet, la serveuse refuse carrément de payer le salaire de ce fonctionnaire au virement, arguant que la carte d’identité du monsieur n’est plus valable à raison de la date d’expiration.
‘’Et que dois-je faire ?’’, lui demande le client. ‘’Veiller renouveler votre pièce d’identité ou vous nous présentez le passeport’’. Je n’ai pas de passeport, rétorque le monsieur, au Commissariat on nous laisse entendre qu’il y a rupture de stock de cartes d’identité, argumente-t-il. ‘’Dans ce cas, je ne peux rien pour vous’’, martèle la caissière’’.
Et là, le verre a presque débordé de venin. Il a fallu une forte médiation pour calmer le client, apparemment stressé par d’autres problèmes en venant toucher son salaire. Les propos de sa part contre le pouvoir, si c’était au temps de la Révolution, lui auraient créé des ennuis à l’instant. Le cri du cœur était vraiment affreux.
Au de-là de cet épiphénomène, n’est-il pas judicieux de s’interroger, quand même, sur les conséquences d’un déficit de documents d’identification des citoyens dans le pays?
En attendant de savoir les raisons, ce manque à gagner est perçu par les bonnes consciences comme une tâche que draine la Police guinéenne.
Parallèlement, ce sont les barrages interurbains qui adoptent des comportements pestilentiels frisant la chienlit. Des hommes en uniforme au niveau de ces barrages qui exigent la somme de 5 mille ou 10 mille francs guinéens aux usagers de la route, comme taxes pour faute de pièces d’identité ou pour la date de validité déjà expirée.
Ce malaise qui était inscrit dans l’ordre des revendications du syndicat, il y a peu de temps, ne doit pas perdurer par la simple négligence des décideurs, car ce sont souvent des sources de débordement et de désobéissances civiles à la longue.
Plus grave, en ces temps de sécurité renforcée dans tous les pays, cette méthode d’arnaque par les services de contrôle à nos barrages est révélatrice d’une certaine légèreté qui est de nature à exposer la sécurité nationale.
AGP