Jusque-là resté confidentiel, un courrier daté de 2008 et adressé par la présidence guinéenne au ministère des Transports soulignait des « insuffisances » dans le contrat de concession signé avec l’opérateur portuaire français Getma.
Les récentes accusations visant certaines pratiques du groupe Bolloré en Afrique ont déjà permis de faire la lumière sur un point : l’incompétence de son prédécesseur, le français Getma (devenu Necotrans en 2012), sur les quais de Conakry.
Dans une lettre datée du 4 décembre 2008 (voir ci-dessous), Alpha Ibrahima Keira, le secrétaire général de la présidence guinéenne, fait part à Cheick Touré, le ministre des Transports, des « insuffisances » du contrat de concession signé, à peine deux mois plus tôt, avec l’opérateur portuaire.
Concession de l’ensemble du port
Jusque-là resté confidentiel, ce document confirme que la concession ne porte alors pas uniquement sur son terminal à conteneurs, comme l’avait autorisé la présidence guinéenne en février de cette même année, mais sur l’ensemble du port. Le courrier pointe également le fait que « le monopole qu’engendre cette convention entraînera pour l’État une perte énorme et certaine en termes de recettes ».
« Au regard de ces réserves et sur instruction de l’autorité, je vous demande de suspendre l’application de cette convention en vue de sa refonte totale », conclut Alpha Ibrahima Keira.
Le décès du président Lansana Conté, le 22 décembre 2008, empêche la suspension du contrat. Mais son successeur, Moussa Dadis Camara, en brandit la menace dès janvier 2009… avant que Blaise Compaoré n’envoie à Conakry Gilbert Diendéré, son ministre des Affaires étrangères, défendre les intérêts de Getma.
Il faut attendre l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir, fin 2010, pour qu’en mars 2011 Getma soit chassé des quais au profit de Bolloré. Lequel est aujourd’hui rattrapé par la justice pour les conditions d’attribution de ce même terminal.
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