L’Organisation des Nations Unies (ONU) a nommé un nouveau président de sa mission en Centrafrique le gabonais Parfait Onanga-Anyanga alors que l’institution fait face à des accusations récurrentes d’abus sexuels contre des enfants commis par des Casques bleu.
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon veut lancer un message fort. Au cours d’une réunion à huis clos, il a informé jeudi les membres du Conseil de sécurité de sa décision de remplacer le sénégalais Babacar Gaye à la tête de la mission onusienne en Centrafrique (Minusca) par le gabonais Parfait Onanga-Anyanga. Il veut mettre en place une politique de « tolérance zéro » face aux accusations d’abus sexuels sur mineurs par des Casques bleus qui se multiplient.
Des accusations récurrentes
Parfait Onanga-Anyanga a été précédemment l’envoyé spécial des Nations unies au Burundi. Près de 57 allégations de fautes dont 11 d’abus sexuels sur des enfants visent actuellement la Minusca. Une enquête a été ouverte mardi après des révélations d’Amnesty International sur des accusations de viol contre une fillette et le meurtre d’un adolescent de 16 ans et de son père au cours d’une opération.
Le secrétaire général de l’ONU s’est engagé sur le dossier d’abord par ce limogeage sans précédent. Il a ensuite effectué une visio-conférence en urgence avec tous les chefs de mission de l’ONU avant d’organiser une réunion spéciale avec le Conseil de sécurité à huis clos. Le maître est désormais « tolérance zéro » face à ces crimes, au risque de ternir durablement la réputation d’une institution durement entachée notamment par son intervention en Libye ou en Côte d’Ivoire.
La lenteur des procédures
La volonté d’étouffement de ses affaires ainsi que la lenteur des procédures ont été très critiquées. Concernant les révélations sur les accusations de viol impliquant 14 soldats français en Centrafrique en avril dernier, l’inactivité de sa hiérarchie avait été avancée par Anders Kompass, directeur des opérations de terrain au Haut-Commissariat de l’ONU pour les droits de l’homme, pour se justifier d’avoir fait fuiter un rapport au Guardian.
Ce sont 480 cas d’abus ou d’exploitations sexuels qui ont été recensés au sein de l’ONU entre 2008 et 2013, selon un rapport du bureau d’enquête des Nations unies. Le texte précise que les rapports sexuels contre de la nourriture ou de l’argent notamment ne sont que « rarement signalés ». Les investigations étant la plupart du temps confiées au pays concerné, les enquêtes sont souvent étouffées.
Le porte-parole des Nations unies, Stéphane Dujarric a appelé les Etats membres à plus de transparence et à être plus ferme. Il a précisé que « c’est la responsabilité des chefs de mission sur le terrain d’enquêter, de signaler au siège à New York dès qu’il y a des incidents, de s’assurer qu’il y a un suivi avec les victimes pour arrêter ces abus sexuels », peut-on lire sur RFI.