Barack Obama est arrivé lundi au palais présidentiel d’Addis-Abeba pour s’entretenir avec le premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn. Le président américain a promis de maintenir « la pression » sur les Shebab, au lendemain d’un attentat sanglant devant un hôtel de Mogadiscio, en Somalie.
Jamais un président américain n’avait mis les pieds en Éthiopie avant Barack Obama. Depuis dimanche 26 juillet, sa visite historique de 48 heures est essentiellement consacrée à la sécurité régionale. Le président américain a réitéré sa volonté de coopérer étroitement avec Addis-Abeba dans la lutte contre les Shebab somaliens, qui multiplient les attentats dans la Corne de l’Afrique, et de renforcer la campagne contre le terrorisme en renforçant l’apport des services de renseignements américains.
Les Shebab n’ont rien d’autre à offrir que « la mort et la destruction », a-t-il indiqué, lundi 27 juin, lors d’une conférence de presse avec le premier ministre Hailemariam Desalegn.
« Les Éthiopiens sont des combattants suffisamment aguerris »
Obama a en outre salué le travail des troupes éthiopiennes qui ont contribué à diminuer la marge de manœuvre des islamistes, tout en affirmant que le travail n’était pas terminé. L’Éthiopie, comme le Kenya où le président américain se trouvait ce week-end, combat les insurgés en Somalie au sein d’une force de l’Union africaine (Amisom).
« Une des raisons pour lesquelles nous voyons les Shebab reculer en Afrique de l’Est est que nous avons nos équipes régionales (…) avec des forces locales. Nous n’avons pas besoin d’envoyer nos propres Marines sur place pour combattre : les Éthiopiens sont des combattants suffisamment aguerris et les Kényans et les Ougandais font sérieusement leur travail en Somalie », a-t-il ajouté.
Dimanche, les Shebab ont fait exploser un véhicule devant un hôtel de Mogadiscio, tuant 13 personnes. Cette attaque a été menée, ont-ils dit, en représailles à l’offensive lancée par l’Amisom contre leurs derniers bastions en Somalie.
« Faire plus » en matière de droits humains
Barack Obama a aussi invité l’Éthiopie à « faire plus » en matière de droits humains et de démocratie, a-t-il affirmé devant son homologue éthiopien. « Il reste du travail à faire et je pense que le premier ministre est le premier à admettre qu’il y a encore à faire », a-t-il martelé.
Le département d’État américain a lui-même mentionné dans son dernier rapport sur les droits humains dans ce pays des « restrictions à la liberté d’expression », le « harcèlement et l’intimidation des membres de l’opposition et des journalistes », ainsi que des « procès politiques ».
Un peu plus tôt, Hailemariam Desalegn avait assuré que son engagement envers la démocratie était bien réel. Lors des élections législatives du 24 mai dernier, la coalition au pouvoir et ses alliés ont raflé tous les sièges.
« Je crois que quand toutes les voix peuvent se faire entendre, un pays est plus fort, a plus de succès », a dit Barack Obama, ajoutant cependant que son pays croyait dans les promesses de l’Éthiopie et de son peuple.
La catastrophe du Soudan du Sud
Le président américain a aussi affirmé que la situation « continue à se détériorer » au Soudan du Sud, après avoir lancé un appel aux belligérants, samedi à Nairobi, à mettre fin à l’« effroyable » guerre civile qui ravage le pays depuis 19 mois.
« La situation humanitaire s’aggrave », a-t-il soutenu, appelant à un « accord de paix » entre belligérants dans « les prochaines semaines ».
Le point d’orgue de la visite de Barack Obama en Éthiopie sera son discours mardi au siège de l’Union africaine (UA), qui doit être largement consacrée à la lutte contre le terrorisme. « Nous attendons l’exécution de différentes initiatives, dans la construction des infrastructures de transports et télécommunications », a indiqué Jacob Enoh Eben, porte-parole de la présidente de la Commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma.
L’Éthiopie ne vit pas la frénésie de l‘« Obamania », qui a saisi le Kenya lors de sa visite du 24 au 26 juillet dernier. Seuls quelques portraits et drapeaux américains sont visibles sur le route de l’aéroport à Addis-Abeba.
afp