La procureure de la Cour pénale internationale (CPI) s’est rendue ce jeudi 2 juillet pour trois jours en Guinée afin de faire le point sur l’enquête sur le massacre d’au moins 157 personnes en septembre 2009 à Conakry.
Lors de cette visite de trois jours, Fatou Bensouda, qui était attendue jeudi 2 juillet dans l’après-midi à Conakry, rencontrera notamment le ministre de la Justice, Cheick Sako, les juges en charge du dossier, des représentants d’ONG de défense des droits humains et d’associations de victimes du massacre du 28 septembre 2009.
« Nous attendons vraiment que cette fois-ci, le dossier sur les massacres avance », a réagi Abdoul Gadiri Diallo, porte-parole de l’Organisation guinéenne des droits de l’Homme (OGDH), disant espérer que justice soit rendue aux victimes et à leurs proches.
Faire le point sur la progression des enquêtes
« La visite de Mme Bensouda doit lui permettre de s’enquérir de l’état d’avancement des enquêtes sur le dossier des massacres du 28 septembre 2009 dans un stade de Conakry », a confirmé une source judiciaire sous couvert d’anonymat.
Des examens préliminaires de la CPI, préalables à l’ouverture d’une éventuelle enquête, sont en cours en Guinée. Lors d’une précédente visite, en avril 2012, la procureure avait réclamé un dénouement rapide du dossier du massacre. « Nous avons trop attendu », avait-elle dit.
Sa nouvelle visite intervient au lendemain de la venue d’une mission d’experts des Nations unies, également présente pour faire le point sur l’avancement du dossier, selon des sources officielles. « Il y a eu des avancées importantes enregistrées dans le dossier », a estimé le chef de cette équipe, Innocent Balemba Zahinda, devant la presse mercredi 1er juillet, au dernier jour de leur visite.
Selon lui, l’ONU est prête à mettre à la disposition du pool des magistrats l’expertise légale et des discussions sont en cours sur les mesures de protection à prendre pour assurer la sécurité des témoins.
Une vingtaine de personnes inculpées
Les violences du 28 septembre 2009 avaient été commises dans un stade de Conakry où étaient rassemblés des milliers d’opposants à la candidature à la présidentielle du capitaine Moussa Dadis Camara, chef de la junte militaire au pouvoir à l’époque. Au moins 157 personnes avaient été tuées et plusieurs dizaines sont portées disparues depuis, selon un rapport de la Commission internationale d’enquête de l’ONU. De même source, au moins 109 femmes avaient aussi été violées dans le stade et ses environs.
Une vingtaine de personnes – des militaires et des civils – ont été inculpées dans le cadre de l’enquête judiciaire sur ce massacre, ouverte en 2010.
En septembre 2014, plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme avaient rapporté huit inculpations et l’audition de 400 victimes dans cette procédure judiciaire. En juin, une source judiciaire et une source au sein d’une ONG guinéenne ont fait état d’au moins 13 nouvelles inculpations ces derniers mois.
Les ambitions présidentielles de Dadis
Le capitaine Camara, en exil depuis 2010 au Burkina Faso, n’a été entendu que comme témoin à Ouagadougou. La justice guinéenne souhaite désormais l’inculper, selon des ONG locales et internationales.
Il a annoncé récemment son intention de rentrer en Guinée pour se présenter à l’élection présidentielle, dont le premier tour est prévu le 11 octobre.
afp