Le domicile de Fatou Badiar, situé dans le quartier Almamya dans la commune de Kaloum, a été investi
le mercredi 26 juin par le directeur national du patrimoine bâti public, et plusieurs bérets rouges pour déguerpir les enfants de Mme Fatou Badiar toujours en prison. Ils ont cadenassées les portes en laissant les progénitures sans abri.
Pour Mamadou Diallo l’un des fils de Fatou Badiar, c’est le mercredi matin que le directeur du patrimoine bâti accompagné de plus de 20 bérets rouges, sont venus nous intimer de sortir de la maison. «Ils ont jeté toutes nos affaires dehors avant de fermer les portes avec des cadenas, ils nous ont dit qu’ils nous donnent un délai de deux semaines pour libérer les lieux, et pourtant nous n’avons aucun autre lieu où aller en cette période hivernale, nous n’avons plus de père et notre mère est également en prison», affirme t-il très désespéré.
Plus loin, il explique que le comité de déguerpissement déclare que depuis 1990, ils n’ont pas payé le loyer. «C’est une aberration, je me demande qui est contre nous, on ne sait vraiment pas qui est derrière cette manœuvre, et pourtant nous avons tous les dossiers attestant que nous sommes en règle, lorsqu’on leur a brandi les documents, ils n’ont rien voulu comprendre, ils nous ont dit que ce sont des faux dossiers avant de les jeter», martèle la progéniture de Dame Badiar.
Un huissier a été dépêché par l’avocat de Fatou Badiar pour constater les faits sur le lieu de déguerpissement.
Pour Maître Emmanuel Bamba, l’un des avocats de Fatou Badiar, il estime simplement que cet acte est une violation des règles qui régissent le contrat de bail. « Madame Fatou Badiar étant héritière de son feu mari, ils sont donc liés à l’Etat guinéen par un contrat de bail à travers la direction du patrimoine bâti public ; donc les modalités de résiliation du contrat sont prévus, malheureusement il y a un contingent de bérets rouges qui est venu expulser les enfants », souligne Me Bamba.
Il précise qu’il a saisi le parquet de Conakry 1 à Kaloum pour que les enfants soient rétablis dans leurs droits. Me Bamba affirme qu’ils ont aussi saisi le procureur de la République pour lui expliquer que cette matière est purement civile, et qu’il ne comprend pas pourquoi des agents de force de l’ordre s’immiscent en mettant dehors ces enfants, c’est une violation grave et délibérée de la loi, alors que nous sommes en période hivernal ; pire encore, au mois de ramadan.
«Donc tous ces éléments au moins, devraient amener ces agents à réfléchir avant d’agir, mais malheureusement ils ont obéi à un ordre manifestement illégal. Nous estimons que le parquet d’instance, du ressort duquel cette intervention illégale est intervenue, devrait agir pour mettre fin à ces agissements là», explique l’avocat de Dame Fatou Badiar.
AGP