Alors que le nombre de cas d’Ebola chute en Afrique de l’Ouest, les chances de trouver un nouveau vaccin efficace pour éradiquer le virus deviennent de plus en plus faibles à court terme.
Les groupes de chercheurs qui effectuent actuellement des essais cliniques savent que leurs possibilités sont bien limitées. En fait, au rythme actuel, un seul vaccin – celui qui a été développé au Canada et dont les essais sont menés en Guinée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) – pourrait donner des résultats intéressants.
L’étude clinique prévoit la vaccination de plusieurs groupes de personnes qui ont été en contact avec des patients atteints du virus. Jusqu’à maintenant, plus de 70 groupes sur un nombre potentiel de 190 ont reçu le vaccin rVSV-ZEBOV.
La docteure Marie-Paule Kieny, qui dirige l’équipe de l’OMS sur l’Ebola, affirme que si le vaccin s’avère très efficace, le portrait de la situation pourrait s’éclaircir bientôt. Les vérificateurs indépendants et leur comité de surveillance seront appelés à examiner les dernières données pendant l’été.
Selon la docteure Kieny, ces experts seront en mesure de dire s’ils disposent d’assez de cas, s’ils doivent étendre leurs tests vers d’autres groupes ou si leur produit n’est tout simplement pas efficace.
Que le vaccin canadien soit prometteur ou non, des groupes témoins de Guinée recevront un deuxième vaccin. Marie-Paule Kieny a indiqué que l’équipe procédait actuellement à une sélection des patients qui testeront d’autres produits développés par les entreprises américaine GSK et Johnson et Johnson.
Les Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies en Sierra Leone se sont déjà assurés d’avoir des résultats fiables même si le nombre de cas à étudier diminue considérablement. Les Américains font aussi des essais avec le vaccin canadien, qui est produit par les géants américains Merck et NewLink Genetics. Jusqu’à présent, les chercheurs ont administré le produit à 3000 professionnels de la santé ou premier répondants de l’épidémie.
«Les chances sont faibles – même si ce n’est pas impossible – que les essais cliniques pourront prouver l’efficacité du vaccin», a affirmé la docteure Anne Schuchat, des Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies.
Si les recherches n’arrivent pas à prouver son efficacité, l’équipe espère pouvoir tout de même aider l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux à tester le vaccin sur d’autres sujets – en l’occurrence des animaux.
Les agences de réglementation peuvent dans certaines circonstances exceptionnelles cumuler les données des essais sur des humains et des animaux pour prouver l’efficacité d’un produit.
«Nous tentons de rassembler des résultats qui pourraient potentiellement contribuer à d’autres voies possibles pour obtenir rapidement une certification», a précisé Anne Schuchat.
Un troisième essai clinique a commencé au Liberia plus tôt cette année, mais la fin de l’épidémie au pays a sapé les données des chercheurs, qui espèrent maintenant se tourner vers la Guinée. Or, ils auront besoin de 200 000 personnes pour tester le produit. «Je n’ai pas d’échéancier, mais j’espère que d’ici un à deux mois nous pourrons commencer en Guinée», a indiqué le docteur Clifford Lane.
La Presse