« Nous envoyons les fils et filles de Guinée dans une crise complexe et dangereuse dans un pays voisin.
Nous espérons que les accords qui ont été signés au Mali il y a quelques jours mèneront à une paix juste et durable, et que votre mission sera facile.
Cependant, comme mes collègues militaires américains aiment à le dire, « l’espoir n’est pas un plan. »
Pendant que nous nous préparons à vous envoyer à la mission des Nations Unies au Mali, la question n’est pas « l’armée guinéenne peut –elle opérer dans une mission facile? » … La question, c’est, « comment fera-t-elle en cas de crise? »
Soyons clairs … nous ne serions pas ici aujourd’hui si nous n’avions pas confiance en chacun des soldats du Bataillon du Gangan, ou en ses responsables civils et militaires.
Cette confiance est le produit d’un processus de quatre ans de réforme du secteur de la sécurité, celle que nous sommes fiers de soutenir avec nos amis français.
Le peuple de Guinée a besoin d’une armée, d’une gendarmerie et d’une police qui protègent et servent; il a aussi besoin de services de sécurité qui sont subordonnés à l’autorité civile élue. Enfin, il a besoin de savoir qu’un système crédible de justice militaire est mis en place pour protéger ses intérêts. Pendant mes trois années parmi vous, j’ai vu des progrès sans précédent dans les trois domaines. Ce progrès, et la volonté politique qu’il représente, sont ce qui m’a amené à Kindia aujourd’hui.
Ici en Guinée vous avez une tradition de remercier les étrangers pour leur aide. Alors que j’aime toujours cela, je crois aussi que, parfois, en remerciant vos partenaires vous sous-estimer votre propre travail.
Je vois cela tous les jours dans le cas de la lutte contre Ebola. La communauté internationale a fourni des moyens substantiels à la lutte contre Ebola, mais je sens l’obligation de rappeler à mes amis guinéens que la plupart du travail – et presque tout le travail dur – a été fait par les guinéens. Les travailleurs de la santé qui ont les salaires très modestes de la fonction publique et les volontaires qui reçoivent de petites primes ont soigné les malades, enterré les morts, et diffusé le message de cette terrible maladie.
Je vois ce même phénomène dans la réforme du secteur de la sécurité. Nos collègues français ont pris la direction parmi les partenaires internationaux – et nous sommes fiers de notre propre contribution modeste – mais nous sommes ici aujourd’hui parce que les dirigeants guinéens ont fait leur travail.
Nous vous envoyons au Mali avec la conviction que vous avez les compétences, les équipements et la formation pour opérer dans un environnement complexe et dangereux.
Nous vous envoyons aussi au Mali parce que c’est un pays avec lequel la Guinée est liée par les liens linguistiques, religieux et culturels les plus profonds. Nous vous envoyons à travers une frontière moderne, mais à bien des égards, nous ne vous envoyons pas à un pays étranger.
Si nous n’avions pas la foi que vous êtes prêts à servir et protéger le peuple de Guinée, en respectant ses droits et en défendant ses biens, nous ne vous aurions jamais demandé de servir et de protéger les populations du Mali.
Nous vous envoyons avec nos meilleurs vœux de succès et nos prières pour votre retour en toute sécurité dans votre pays et vos familles. Nous vous remercions ainsi que les familles que vous laissez derrière vous. »