En attendant d’entreprendre des actions plus costaudes pour mieux gérer définitivement les migrations dans tous leurs aspects, l’Union européenne veut passer à la vitesse supérieure.
La tragédie vécue par des milliers de migrants au mois d’avril 2015 a révélé que la politique migratoire collective dans l’UE n’est pas à la hauteur. En effet, elle a prouvé qu’aucun État membre ne peut, et ne devrait, rester seul face à d’énormes pressions migratoires. D’où l’initiative d’élaborer un agenda européen en matière de migration qui fut présenté, le 13 ami 2015 à Bruxelles, aux États membres, institutions européennes, organisations internationales, société civile, autorités locales et pays tiers.
Cet agenda apporte à la question une réponse à l’échelle européenne, en combinant les politiques intérieures et extérieures, en tirant le meilleur parti des agences de l’Union et des outils dont celle-ci dispose, et en faisant participer tous les acteurs. Parmi les actions concrètes et immédiates que l’UE envisage d’entreprendre pour stopper la migration, figurent entre autres : le triplement des capacités et des ressources disponibles en 2015 et 2016, pour les opérations conjointes Triton et Poséidon de Frontex.
Un budget rectificatif pour 2015 a été adopté ce jour pour garantir les fonds nécessaires – un total de 89 millions d’euros, dont des financements d’urgence par les Fonds FAMI et FSI de respectivement 57 millions et 5 millions d’euros destinés aux États membres situés en première ligne – et le nouveau plan opérationnel Triton sera présenté d’ici la fin du mois de mai; la proposition d’activer pour la première fois le mécanisme d’urgence prévu à l’article 78, paragraphe 3, du TFUE, pour aider les États membres confrontés à un afflux soudain de migrants. D’ici la fin du mois de mai, la Commission proposera un mécanisme temporaire de répartition dans l’UE des personnes qui ont manifestement besoin d’une protection internationale.
Une proposition relative à un régime européen permanent de relocalisation dans les situations urgentes d’afflux massifs sera présentée ultérieurement, d’ici la fin de l’année 2015; la proposition, d’ici la fin du mois de mai, d’un programme de réinstallation à l’échelle de l’Union pour offrir 20 000 places, réparties dans tous les États membres, à des personnes déplacées qui ont manifestement besoin d’une protection internationale en Europe, avec un financement spécifique supplémentaire de 50 millions d’euros pour 2015 et 2016 et l’examen, dans le cadre de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC), d’une éventuelle opération dans la Méditerranée pour démanteler les réseaux de passeurs et lutter contre le trafic de migrants, dans le respect du droit international. Selon M. Frans Timmermans, premier vice-président de la Commission :
«Les pertes tragiques de vies humaines survenues dans la Méditerranée ont choqué tous les Européens. Nos citoyens attendent des États membres et des institutions européennes qu’ils agissent pour empêcher cette tragédie de se poursuivre. Le Conseil européen a déclaré sans ambiguïté que nous devons trouver des solutions européennes, fondées sur la solidarité interne et sur la conscience que nous avons un devoir commun de concevoir une politique migratoire efficace. C’est pourquoi la Commission propose aujourd’hui un agenda qui reflète nos valeurs communes et apporte une réponse aux préoccupations que suscitent chez nos citoyens des souffrances humaines inacceptables, d’une part, et l’application inappropriée du régime d’asile commun que nous avons adopté, d’autre part. Les mesures que nous proposons aideront à mieux gérer les migrations et répondront donc aux attentes justifiées de nos citoyens», a-t-il dit.