Alors que le ministre des Sports, Alain Lobognon, continue de réclamer une confrontation des protagonistes de l’affaire de la disparition des primes de la CAN 2015 (plusieurs centaines de millions de F CFA), Alassane Ouattara a décidé que les fonds manquants seraient prochainement décaissés par l’État. Pour la seconde fois, donc.
Le dossier des primes non payées des Éléphants à la CAN 2015 vient d’enregistrer un rebondissement pour le moins surprenant. L’État ivoirien, première victime dans cette affaire, a décidé de trouver des ressources financières additionnelles pour régler les primes sans même attendre que la vérité éclate sur les responsables de ce détournement de fonds publics. Selon nos informations, la confrontation réclamée par Alain Lobognon, le ministre des Sports, avec les protagonistes – Trésor Public et fédération ivoirienne de football (FIF) – n’a toujours pas eu lieu pour un problème de calendrier du Premier ministre, Daniel Kablan Duncan.
Cependant, Alassane Ouattara a demandé à Hamed Bakayoko, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, de convoquer les différentes parties. Le 30 avril, ce dernier a organisé une réunion avec Alain Lobognon, Sidy Diallo, le président de la FIF, et les responsables du Trésor en charge de la gestion des 3,5 milliards F CFA consacrés à la CAN. « C’était juste une rencontre formelle, il n’y a eu aucune confrontation. Le ministre Hamed Bakayoko s’est contenté de poser des questions », confie un participant.
La FIF a bien reçu 2,9 milliards de F CFA
Le Trésor affirme avoir versé à la FIF 2,9 milliards de F CFA censés faire partie des primes. D’ailleurs, à la fin de la CAN, Sidy Diallo assurait que le budget avait été bien géré et qu’un reliquat de 300 millions de F CFA était disponible. « Les primes concernées sont celles de la compétition. La prime de victoire du président, d’un montant de 2 milliards de F CFA, a été intégralement payée et virée sur les comptes des joueurs par mes soins. Dans cette affaire, je suis clean », a confié le ministre Alain Lobognon, qui continue d’exiger le relevé de compte de la Banque du Trésor pour avoir des précisions sur les mouvements de fonds en cause. Mais Adama Kone, le directeur général, tarde…
Contacté par Jeune Afrique, ses services préfèrent s’en remettre au rapport rédigé à l’Inspection générale du Trésor et adressé à la présidence. Pour le moment, l’imbroglio reste donc total et les Éléphants, de plus en plus dégoûtés par cette situation, continuent de réclamer leurs primes. De son côté, la FIF maintient qu’elle n’a pas reçu les fonds des primes.
« Cette affaire est une honte pour le pays. Serge Aurier a par exemple 52 millions de F CFA de primes en suspens, Eric Bally 40 millions, Yaya Toure 21 millions… Ça fait pas joli », explique une source proche du dossier. D’autant qu’il ne s’agirait plus de 700 millions de F CFA disparus, mais 850 millions. »
afp