Le bilan ne cesse de s’alourdir du côté des civils palestiniens dans la bande de Gaza. Au moins 111 Palestiniens ont été tués rien que dans la journée de mercredi 30 juillet. Le bilan est désormais de plus de 1 330 Palestiniens tués, dont au moins 245 enfants et 7 300 blessés.
Parmi les plus de 100 personnes tuées mercredi, seize ont péri dans le camp de réfugiés de Jabaliya, qui compte quelque 3 000 personnes, quand deux obus de char ont frappé de plein fouet avant l’aube deux salles de classe d’une école de l’ONU où s’étaient réfugiés des habitants. « C’est injustifiable, les responsabilités doivent être déterminées et justice doit être rendue », s’est indigné le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, tandis que que l’UNRWA accusait ouvertement Israël.
« Il n’y avait que des enfants, que des jeunes ici. Pourquoi font-ils ça? Où peut aller la population ? » s’est insurgé Hicham al-Masri, l’un des réfugiés. « Des enfants ont été tués alors qu’ils dormaient à côté de leurs parents sur le sol d’une salle de classe », a protesté le patron de l’UNRWA, Pierre Krähenbühl, en relevant que l’armée avait reçu toutes les informations sur l’école, ses coordonnées ayant été transmises 17 fois à Israël, selon lui.
La France a aussi condamné le bombardement de l’école et Amnesty International a évoqué un « crime de guerre potentiel ». Dans une lettre à Ban Ki-Moon, le président palestinien Mahmoud Abbas a également parlé de « crimes de guerre (…) dont Israël doit être tenu comptable » et lui a demandé de « prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la protection du peuple palestinien ».
Mais quelques heures après ce massacre, condamné par les États-Unis qui n’ont cependant pas incriminé explicitement Israël, Washington a confirmé avoir réapprovisionné Israël en munitions.
Le porte-parole de l’UNRWA, Christopher Gunness, fond en larmes devant la caméra de Al-Jazira, le 30 juillet :
Dix-sept personnes fauchées sur un marché
Le drame de l’école de Jabaliya n’a pas été le seul de la journée pour les civils qui ne sont nulle part à l’abri dans un territoire minuscule, enclavé, et soumis à un double blocus israélien et égyptien. À Touffah, une banlieue du nord-est de la ville de Gaza, ce sont six Palestiniens, dont trois enfants, qui ont péri dans la matinée dans un raid de chars israéliens. Et au soir d’une des journées les plus sanglantes du conflit, sur un marché de Chajaya, à quelques kilomètres de Jabaliya, au moins dix-sept Palestiniens ont été tuées.
Funérailles des membres d’une même famille tués par un raid israélien, le 30 juillet 2014, à Khan Younès
Dans le sud de l’enclave, à Khan Younès, sept membres d’une même famille ont aussi péri sous les obus israéliens, selon Achraf al-Qodra, porte-parole des services de secours à Gaza. Trois autres Palestiniens avaient auparavant été tués dans cette localité, tandis que, dans le même secteur, huit personnes d’une même famille avaient été tués dans la nuit dans un raid aérien. Bilan de la journée, au moins 111 morts selon les services d’urgence palestiniens.
Selon l’ONU, les civils comptent pour trois-quarts du nombre de morts palestiniens depuis le début du conflit, le 8 juillet. De son côté, Israël a perdu 56 soldats, le bilan le plus lourd depuis la guerre contre le Hezbollah libanais en 2006. Trois civils, deux Israéliens et un Thaïlandais, ont été tués par des roquettes tirées depuis la bande de Gaza.
Plus de 200 000 réfugiés
Selon des chiffres publiés par l’ONU, le bilan se portait à 1 330 morts, parmi lesquels au moins 827 civils dont 245 enfants. Sur un total de 7 300 blessés, au moins 1 949 sont des enfants. Par ailleurs, quelque 240 000 Palestiniens ont été déplacés à l’intérieur de l’enclave palestinienne par les violences, selon l’Ocha. Plus de 200 000 se sont réfugiés dans 85 abris gérés par l’agence de l’ONU, les autres se trouvant chez de la famille ou des amis, a-t-il précisé.
Malgré la dévastation et le lourd bilan humain, les tirs de roquettes à partir de Gaza n’ont pas cessé et près de 130 tirs ont été recensés par l’armée. Trois soldats israéliens ont péri à Gaza dans un tunnel piégé, portant à 56 le nombre de militaires tués, le bilan le plus lourd pour l’armée depuis la guerre du Liban en 2006. L’armée israélienne a mobilisé 16.000 réservistes supplémentaires portant leur nombre à 86 000 à la suite de la poursuite de l’opération menée dans le bande de Gaza depuis le 8 juillet, a annoncé jeudi une porte-parole militaire. Les négociations conduites au Caire sont très mal engagées ; on voit mal comment elles pourraient aboutir sans qu’une intense pression internationale ne s’exerce sur les belligérants.
AFP