Selon plusieurs témoins, des centaines de corps, découverts depuis jeudi dernier à Damasak, ont été enterrés ce week-end dans cette ville du nord-est du Nigeria. Il s’agirait de victimes d’une récente attaque de Boko Haram. Le groupe islamiste a également tué une cinquantaine de soldats au Niger.
À Damasak, « des corps ont été trouvé dans les maisons, les rues, et encore davantage dans la rivière Damasak dont le lit est à sec », a indiqué, le 27 avril, Kaumi Kusur, un habitant de la ville. « Les victimes, découvertes jeudi dernier, ont été enterrées dans une vingtaine de fosses communes pendant le week-end », a-t-il précisé.
Selon Mohammed Sadiq, un autre habitant qui a aidé à enterrer ces corps samedi, le bilan pourrait s’élever à plus de 400 morts tandis que le gouvernement de l’État de Borno a parlé de « centaines » de cadavres.
Qui contrôle Damasak ?
Plusieurs sources locales ont indiqué qu’il s’agirait de nouvelles victimes d’une récente attaque de Boko Haram dans cette ville du nord-est du Nigeria. Une ville reconquise pourtant depuis le 9 mars par des soldats tchadiens et nigériens dans le cadre d’une offensive régionale contre les combattants islamistes qui y régnaient en maître depuis novembre 2014.
En mars, l’armée tchadienne avait déjà parlé de la découverte d’une centaine de corps dans une fosse commune sous un pont à l’extérieur de Damasak, dont certains avaient été décapités, précisant que ce massacre pourrait avoir eu lieu en janvier dernier.
Mais selon Kaumi Kusur, le nombre de corps découverts jeudi « dépassait nettement » celui de mars.
La force de nuisance de Boko Haram demeure intacte
Malgré plusieurs victoires militaires contre Boko Haram, le groupe islamiste a montré qu’il gardait un fort pouvoir de nuisance, tuant samedi plus d’une cinquantaine de soldats au Niger, après avoir vraisemblablement abattu la veille 21 villageois au Nigeria.
C’est l’une des attaques les plus meurtrières infligées à la coalition active depuis quatre mois et composée du Tchad, du Niger, du Nigeria, du Cameroun et du Bénin. Elle a eu lieu à l’aube dans un camp militaire nigérien du lac Tchad.
L’armée nigérienne « a perdu 48 soldats et 36 sont portés disparus », a ainsi déclaré une source sécuritaire tchadienne. Un élu du sud-est du Niger, région frontalière du Nigeria où l’assaut s’est produit, a quant à lui fait état de « 80 soldats tués » et d’une trentaine de disparus, tandis qu’une source proche de l’armée nigérienne mentionnait 100 morts et 17 disparus.
« Il y a eu énormément de pertes » au sein de cette position militaire située à Karamga, une île « particulièrement isolée » du lac Tchad, où 120 à 150 hommes étaient postés, a confirmé une source humanitaire, selon laquelle 45 soldats basés sur l’île auraient pu être joints.
AFP