Le lundi 13 avril dernier l’opposition a mis dans la rue ses militants. L’objectif selon Ousmane Gaoual Diallo, député de l’UFDG, est de paralyser toutes les activités dans le pays pour obliger le gouvernement à dialoguer. Même si au même moment, certains opposants affirment que le pouvoir actuel n’est pas digne de confiance pour dialoguer avec lui. En dépit de la limitation des déplacements des citoyens, des perturbations de l’activité économique, des morts et des blessés, l’opposition remet ça pour cette semaine avec tous les risques. Que cherche-t-elle ? « Attirer l’attention de la communauté internationale », confie un de ses leaders. Justement que fait cette communauté internationale ?
La France a appelé au retour des acteurs de la crise politique guinéenne autour de la table de dialogue. Avant elle, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) avait fait de même par la voix de son secrétaire général, la Canadienne Michaelle Jean, de passage à Conakry. En plus du silence des ambassadeurs de l’Union européenne à Conakry et de celui des Etats-Unis en Guinée, Barack Obama s’est affiché avec Alpha Condé à la Maison blanche aux Etats-Unis. Ban Ki Moon, secrétaire général de l’ONU ne signe aucun communiqué, il se contente d’envoyer discrètement une mission à Conakry. Le chef de l’Etat ghanéen, président en exercice de la CEDEAO, idem. Des missions qui viennent rencontrer les acteurs politiques et qui replient. Seule une organisation internationale des droits de l’homme, Amnesty, a donné de la voix.
Par le passé, toutes ces entités se préoccupent et se fendent de déclarations de prise de position sans équivoque. Il nous a même été donné de voir des diplomates occidentaux se faire accompagner par les médias pour visiter des théâtres d’affrontements entre forces de l’ordre et manifestants dans la zone de Bambeto. Puis se démener comme de beaux diables pour apaiser.
Pourquoi cette fois, tout ce beau monde est-il si réservé ? Deux choses l’une. Soit la communauté internationale est lassée de la Guinée. Soit elle est déçue d’un camp. Fort probablement de l’opposition qui contrairement au passé revendique cette fois de façon plutôt ‘’malsaine et maladroite’’, pour citer un observateur. En plus de l’instrumentalisation des foules dont le nombre de morts est l’objet de surenchères, c’est comme si ‘’cette opposition voudrait corriger l’injustice par l’anarchie’’, expression si chère à Patrice Sény Camara de l’UNR, un parti du centre.
Un diplomate qui a requis l’anonymat fait observer en outre que l’opposition ne fait pas la promotion de la non-violence dans ses réunions préparatoires des manifestations. Mais pire, ‘’considérer que les délégations spéciales sont illégales ne doit nullement justifier que des marches soient entreprises sans respecter aucune procédure en la matière’’, fait observer notre interlocuteur qui déplore par ailleurs le recours aux armes à feu contre des manifestants et des fusils de chasses ou autres chevrotines contre des forces de l’ordre.
En attendant une issue, le blocage lui, persiste. L’opposition multiplie des préalables pour retourner autour de la table de dialogue. Tantôt, elle exige l’annulation du chronogramme électoral et la suspension des activités de la CENI, tantôt, elle dit ne plus faire confiance au pouvoir au point de discuter avec lui, ou encore elle exige une médiation internationale. Des exigences que le gouvernement ne veut satisfaire, estimant que la CENI est indépendante et que la Guinée n’est plus en transition pour qu’elle accepte une médiation internationale.
Face à une telle impasse, c’est possible que la communauté internationale qui a d’autres chats à fouetter dont l’épidémie d’Ebola dans la sous-région laisse la partie se jouer au rapport des forces.
Source : l’hebdo Nouvelle Elite N° 128