Les échauffourées entre partisans de l’opposition et policiers guinéens ont repris mardi matin à Conakry, au lendemain d’une journée de heurts qui ont fait un mort et au moins une dizaine de blessés.
Les combats de rue entre manifestants et forces de sécurité ont repris mardi 14 avril au matin à Conakry. Plusieurs centaines de jeunes ont ciblé à coups de pierres et de pneus brûlés les forces de l’ordre, qui ont répliqué en faisant usage de gaz lacrymogènes, de matraques et de tirs de sommation en l’air. Les affrontements ont eu lieu sur l’autoroute Le prince, qui conduit au centre de la capitale. Ces violences, de moindre intensité que la veille, ont provoqué des embouteillages, mais aucun blessé n’a été signalé dans l’immédiat.
Plusieurs interpellations auraient eu lieu alors que les forces de l’ordre, déployées en nombre, empêchaient les partisans de l’opposition de se rassembler aux lieux prévus pour des manifestations non autorisées. Dans le quartier populaire de Hamdallaye, des habitants ont raconté avoir vu des descentes des forces de sécurité dans des domiciles privés. « Je ne pouvais pas appeler, puisque tous mes téléphones sont déchargés. Nous n’avons pas eu d’électricité depuis quatre jours. Et personne ne peut sortir dans la situation où nous avons passé la nuit », a déploré l’un d’entre eux sous le couvert de l’anonymat.
Appel à la poursuite des manifestations
Les commerces étaient fermés dans une grande partie de la capitale, ainsi que le grand marché de Madina et des écoles. En revanche, la circulation et l’activité étaient normales dans le quartier administratif et des ambassades.
L’opposition avait appelé à manifester lundi dans toutes les communes de la capitale contre l’insécurité, dont elle impute la responsabilité au pouvoir, après l’agression de son porte-parole le 4 avril. Elle proteste également contre l’inversion du calendrier électoral par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Dénonçant la répression qui s’est abattue sur les populations, elle a remercié ses partisans pour leur mobilisation dans la capitale lundi, les appelant à poursuivre leurs marches mardi et à maintenir cette pression jusqu’à « la satisfaction totale de ses revendications ».
Report des élections locales
Les deux parties se sont renvoyé la responsabilité des violences, l’opposition dénonçant des exactions sur « des manifestants désarmés jouissant de leurs droits constitutionnels » et le gouvernement « les propos réitérés aujourd’hui par des leaders de l’opposition, qui continuent à appeler à la violence et à l’insurrection ».
L’opposition conteste en particulier le nouveau report des élections locales à mars 2016, soit après la présidentielle, fixée à octobre 2015. Les élections locales n’ont pas été tenues depuis 2005. Les opposants craignent des fraudes massives en faveur du chef de l’État, les exécutifs communaux étant actuellement désignés par le pouvoir. Ces accusations sont rejetées par les autorités, qui souhaitent inviter officiellement les observateurs internationaux à venir garantir l’intégrité du scrutin.
AFP