Le Truvada, un cocktail d’antirétroviraux, pris avant et après des rapports sexuels non protégés, a permis de réduire de 86% le risque d’infection par le virus du sida chez des hommes homosexuels, indique un essai clinique français présenté mardi aux Etats-Unis.
Cette étude est la première à montrer que la prise de ces antirétroviraux, uniquement au moment de relations sexuelles risquées parmi les gays, peut offrir une protection élevée, ont souligné les chercheurs de l’Agence nationale française de recherche sur le sida (ANRS).
Une autre étude de chercheurs britanniques (Proud) a également montré une réduction de 86% du risque d’infection chez des gays ayant pris quotidiennement du Truvada.
Jusqu’à présent le Truvada (une combinaison de ténofovir et d’emtricitabine), du laboratoire américain Gilead Sciences, avait montré son efficacité à prévenir une infection par le VIH (virus de l’immunodéficience humaine) dans des groupes d’hommes et de femmes à risque prenant ce médicament tous les jours.
L’essai clinique français, ANRS Ipergay, a été mené auprès de 414 homosexuels âgés de 35 ans en moyenne en France et au Canada, dont la moitié ont pris un placebo et l’autre du Truvada au moment des rapports sexuels, deux comprimés 24 heures avant et deux de 24 à 48 heures après.
Environ 70% des participants n’utilisaient pas généralement de préservatif, a précisé lors d’une conférence de presse téléphonique le professeur Jean-Michel Molina, de l’Hôpital Saint-Louis à Paris qui a coordonné l’essai clinique. Les participants, tous d’un niveau d’étude supérieur, avaient en moyenne dix rapports par mois avec plusieurs partenaires.
Après un suivi de près de 13 mois, 16 des participants ont été infectés par le VIH, 14 dans le groupe du placebo et deux dans celui qui a pris le Truvada, soit une réduction de 86% du risque d’infection. « C’est même mieux que ce que pourrait faire vaccin », a commenté le professeur Molina tout en insistant aussi pour dire que « le préservatif reste pour l’heure la meilleure prévention ».
En outre, les deux participants infectés parmi ceux qui prenaient du Truvada avaient cessé de prendre ce médicament plusieurs semaines avant l’apparition de l’infection. L’essai été mené au sein d’une population qui est la plus touchée par le VIH, en France comme dans la plupart des pays développés.
Belga