Les capitaines de la Côte d’Ivoire et du Ghana sont deux joueurs majeurs de leur équipe. Leur duel au milieu de terrain sera déterminant dans la finale de la CAN 2015 qui mettra aux prises les deux équipes dimanche 8 février à Bata.
Il se dit souvent, en matière de football, qu’une sélection a besoin d’un buteur prolifique et d’un gardien performant pour aller loin dans une compétition. Mais le coeur d’une équipe, son âme, se situe au milieu de terrain. C’est là que se créé le jeu, que le rapport de force bascule d’un côté ou l’autre. Le rond central et tout ce qui gravite autour, c’est le territoire d’André Ayew et Yaya Touré, les internationaux du Ghana et de la Côte d’Ivoire. Les deux stars africaines se retrouveront en finale de la Coupe d’Afrique des nations 2015 dimanche 8 février pour un vrai choc. L’occasion de décrypter leur duel à distance sur les pelouses de Guinée équatoriale, avant la vraie confrontation à Bata dimanche.
Des rôles différents
Depuis le début de la compétition, André Ayew, le joueur de l’Olympique de Marseille (Ligue 1), est le véritable leader du Ghana. Au milieu de terrain, il abat un travail considérable dans le pressing et la récupération de balle. Mais le fils d’Abedi Pelé, la légende ghanéenne, est aussi un formidable manieur de ballon. En cinq rencontres avec les Black Stars en Guinée équatoriale, il a contribué directement à cinq buts (3 buts, 2 passe décisive). Ce qui en fait le joueur le plus « décisif » du tournoi et l’un des favoris pour le titre de « meilleur joueur de la CAN 2015 ». Comme en club avec l’OM, André Ayew est un milieu de terrain régulièrement présent dans la surface de réparation adverse comme en témoigne sa statistique de 10 tirs (dont 3 cadrés) dans cette CAN.
En face, Yaya Touré, contrairement à ses habitudes avec Manchester City, est moins présent à la finalité des actions. En Guinée équatoriale, il évolue moins haut sur le terrain qu’André Ayew. Une consigne de l’entraîneur de la Côte d’Ivoire, Hervé Renard, qui l’a replacé devant la défense des Elephants pour améliorer la première relance et la solidité defensive de l’équipe. « À City il y a beaucoup de joueurs capables de défendre très bien et d’amener le ballon pour construire le jeu, notamment Fernandinho qui travaille comme un fou à côté de lui », glisse le sélectionneur ivoirien. « Pour nous, c’est un peu différent, c’est pourquoi nous lui demandons de faire un travail différent, même s’il est très à l’aise parce qu’il a été utilisé pour faire cela plus tôt dans sa carrière, surtout à Barcelone. Je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent qu’il fait un mauvais tournoi. On voit un Yaya Touré qui se sacrifie pour le collectif, il travaille, oriente le jeu. Il emmène ses coéquipiers. »
Dans le tournoi, Yaya Touré, récompensé pour la quatrième fois consécutive joueur africain de l’année par la Confédération africaine de football (CAF) en 2014, affiche donc logiquement des statistiques en deça d’Ayew concernant le secteur offensif. Avec un seul but (mais quel but), zéro passe décisive et tout de même 7 tirs dont 2 cadrés.
Des gestes d’artistes
Lors de la victoire du Ghana face à la Guinée en quarts de finale (3-0), André Ayew a délivré une superbe passe décisive d’une talonnade pour Christian Atsu, son coéquipier. C’est l’un des plus beaux gestes de la CAN 2015. Mais sous les couleurs de la Côte d’Ivoire, Yaya Touré a encore fait plus fort en demi-finale pour débloquer le match face à la RD Congo (3-1) d’une frappe surpuissante de l’entrée de la surface de réparation sur un service de Wilfried Bony. Son tir, mesuré à une vitesse de 125 km/h, s’est logé sous la barre de Robert Kidiaba.
Yaya Touré, le capitaine de la Côte d’Ivoire. (© Sunday Alamba/AP)
Deux leaders
Sur le gazon comme dans les vestiaires, ces deux monstres du football africain sont de véritables leaders et portent tous les deux le brassard de capitaine. Malgré son jeune âge (25 ans), André Ayew est déjà considéré comme un ancien chez les Black Stars et compte 61 sélections. Mais, il jouit aussi de l’aura de son père Abedi Pelé, ancien international ghanéen et véritable légende au pays. « Par rapport au nom de ma famille et de mon père, j’ai encore moins le droit à l’erreur que d’autres. Ce n’est pas un nom facile à porter, mais c’est ce qui fait que tu dois être prêt à te surpasser », confiait André Ayew avant la compétition.
Yaya Touré est, lui, l’un des anciens de la « génération dorée » ivoirienne après le départ de l’icône Didier Drogba. Présent en sélection depuis 2004, il a connu les deux finales perdues en 2006 et 2012 ainsi que trois Coupe du monde. Il porte le brassard sur le terrain et est l’un des leaders de l’effectif au sein du vestiaire avec son frère Kolo Touré.
JA