Au troisième jour de manifestations contre la modification de la législation électorale congolaise, quelques heurts ont été signalés mercredi matin entre les étudiants de l’université de Kinshasa et la police. Celle-ci accuse désormais les opposants d’inciter les jeunes à la violence.
« Contrairement à ce que les officiels prétendent, la ville de Kinshasa est bien paralysée depuis trois jours. On ne croise presque plus personne sur les grandes artères de la capitale, à part les policiers et les éléments de la Garde républicaine », confie à Jeune Afrique une source proche du pouvoir au sein du Parlement de la RDC.
Ce mercredi 21 janvier, des tirs ont été entendus près de l’université de Kinshasa où des jeunes tentaient de se rassembler pour continuer la protestation contre le projet de loi modifiant la loi électorale en vigueur.
Le texte conditionne la tenue des élections législatives et présidentielle à l’organisation du recensement général de la population. Alors que pour le scrutin présidentiel, « la circonscription électorale [concerne] toute l’étendue de la République », a relevé mardi le sénateur Moïse Nyarugabo, dénonçant une « escroquerie » du pouvoir.
Mais le projet de loi, déjà adopté à l’Assemblée nationale, a tout de même été déclaré « recevable » au Sénat. Ce qui n’est pas de nature à calmer les esprits dans les rues de la capitale congolaise. Même si le général Célestin Kanyama, patron de la police à Kinshasa, se veut plutôt rassurant. « Nous avons fait face ces deux derniers jours à quelques mouvements des pillards qui s’attaquaient aux magasins. Aujourd’hui, la situation redevient calme », affirme-t-il à Jeune Afrique.
« Nous ne sommes pas là pour encercler les étudiants »
Pour le général Kanyama, ce sont des opposants qui cherchent à envenimer la situation. « Des politiciens sont en train de se rapprocher des étudiants pour les manipuler et les pousser à la violence », accuse-t-il. C’est ce qui expliquerait le déploiement des policiers autour de l’université de Kinshasa ? « Nous ne sommes pas là pour encercler les étudiants mais seulement pour exercer une police de proximité », se défend l’officier.
Joint au téléphone, Christian (le prénom a été changé pour des raisons de sécurité), étudiant, affirme pourtant le contraire. Il a été contraint de quitter le campus universitaire dans la nuit. « Les policiers sont entrés dans les homes [chambres, NDLR] et procédaient à des arrestations », confie-t-il, soulignant un « climat de tension permanente » entre étudiants et policiers.
Et « la journée de jeudi [22 janvier] risque d’être encore plus agitée. Car les sénateurs seront appelés à voter le projet de loi », décrypte un journaliste local. « Ce n’est pas pour rien que l’énorme dispositif sécuritaire reste maintenu autour du Palais du peuple », ajoute-t-il, qualifiant cette partie de la capitale à « une sorte de no go zone ».
En attendant, Kinshasa retient son souffle. Mais sans internet ni textos, la communication étant très pertubée, voire interrompue à certains endroits, depuis mardi. Le signal de RFI semble même avoir été coupé ce matin, selon plusieurs sources locales.