En cette belle journée estivale, l’atmosphère est apaisée dans l’unité « Covid-19 » du Centre hospitalier de Nouakchott, en Mauritanie. Un an et demi après le début de la pandémie, quelques salles accueillent encore des patients atteints du coronavirus.
Le pic épidémique fait partie du passé. Finie l’atmosphère électrique dans les services où médecins et infirmières, jusqu’à l’épuisement, couraient vers les lits de réanimation. La forte pression qui pesait sur leurs épaules est retombée.
Dans les couloirs du centre hospitalier, un homme, venu passer des examens complémentaires, se souvient : « au début, j’avoue que j’ai eu beaucoup d’appréhension avant d’accepter de suivre le protocole de soins. Je n’étais absolument pas rassuré dans ce contexte particulier de pandémie ». En décembre 2021, Hamady Samba Sy, 73 ans, a été pris en charge pendant près de trois semaines dans le pavillon de soins intensifs. Ce retraité de la fonction publique reconnaît que son angoisse a commencé à se dissiper au moment de sa prise en charge par des soignants professionnels venus le transférer d’urgence à l’hôpital dans une ambulance de dernière génération. « J’ai été surpris par la qualité des soins tout au long de mon séjour », se souvient-il.
Depuis le début de la pandémie de Covid-19, en Mauritanie comme ailleurs dans le monde, cette scène fait malheureusement partie du quotidien. Pour endiguer la propagation du virus et sauver des vies, d’importantes mesures restrictives ont été prises : confinement, fermeture des frontières, etc… avec pour conséquence une économie à l’arrêt. En plus des mesures sociales, le pays a renforcé son système sanitaire en se dotant d’un plateau médical moderne et en créant un centre dédié à la prise en charge des malades du Covid-19.
La Banque africaine de développement a débloqué, en urgence, un appui budgétaire de près de 10 millions de dollars américains pour aider le pays à faire face au coronavirus. La Mauritanie a également bénéficié du Projet d’appui au G5 Sahel face à la pandémie (https://bit.ly/30fFzZe), un programme régional de près de 22 millions de dollars américains financé par la Banque et mis en oeuvre en partenariat avec le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
« Nous n’en revenions pas. Les rumeurs sur la qualité des soins dans les hôpitaux publics étaient injustifiées, affirme aujourd’hui Aïssata Sy, l’épouse de Hamady. Mon mari était resté couché pendant dix jours à la maison en train de tousser, de suffoquer, mais nous n’étions pas prêts à lui faire suivre le parcours de soins Covid à l’hôpital ».
Pour certains, le coronavirus était une chimère. Mais la réalité a très vite rattrapé le quotidien de chacun. Alors que la crise sanitaire était en train d’être maîtrisée, les effets des restrictions se sont fait rapidement sentir, notamment chez les petits commerçants.
Aïchetou Boubout, une jeune vendeuse de couscous, se souvient de l’impact des mesures restrictives sur son commerce. « Durant le confinement, nous n’avons presque pas travaillé. Nous partions vendre notre couscous mais nous devions nous presser pour rentrer avant le couvre-feu. »
Chaque matin, Aïchetou préparait le couscous, le séchait et le conditionnait pour le vendre en fin d’après-midi au lointain marché central. Mais à cause du couvre-feu, elle n’avait plus assez de temps pour vendre sa marchandise sur place. Alors, elle rentrait chez elle, tôt le soir, avec quelques revenus, loin de ce qu’elle percevait en temps normal .
Malgré cela, Aïchetou a tenu le coup. Mariée à un routier qui peut passer jusqu’à huit mois dans l’est du pays, elle s’occupe seule de la famille. « Chaque matin, j’habille mes enfants et leur prépare le petit‑déjeuner, puis je les accompagne à l’école », raconte Aïchetou qui les aide aussi à faire leurs devoirs.
Comme de nombreuses autres femmes aux revenus modestes, Aïchetou a bénéficié d’aides publiques lors du confinement. « Durant le ramadan, nous avons reçu une aide alimentaire constituée de sacs de riz, de l’huile, du lait en poudre et du sucre, entre autres. J’ai aussi bénéficié, à deux reprises, d’un soutien financier de 2250 ouguiyas », ajoute la jeune mère.
Selon Mahfoud Ould Ahmedou, point focal de la Banque au sein du ministère mauritanien des Affaires économiques et de la promotion des secteurs productifs, « la Banque africaine de développement a très vite répondu présente au début de la pandémie en déployant deux opérations pour renforcer la riposte contre le coronavirus. Avec, d’abord, un appui budgétaire pour soutenir les mesures sociales, et ensuite avec un projet régional visant à soutenir la résilience des systèmes d’alimentation et de nutrition des populations vulnérables dans les pays du G5 Sahel ». Parmi les mesures importantes de ce soutien multiforme au plan de riposte du gouvernement, l’octroi à environ 200 000 ménages de transferts financiers pour atténuer les répercussions de la pandémie. Ces aides ont été accompagnées d’autres mesures liées notamment à la suppression des taxes sur les denrées de première nécessité.
Aujourd’hui, la vie a repris un cours quasi normal grâce à tout ce qui a été accompli avec le soutien de la Banque. Dans son quartier, Hamady se promène à nouveau avec aisance et se sent « comme un beau jeune homme… ou comme un beau vieux ! », le taquine son épouse, Aïssata.
APO