Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié se sont vus, mercredi 11 novembre. Leur première rencontre depuis plus de deux ans.
Ils s’étaient quittés le 8 août 2018 à l’issue d’un tête-à-tête glacial au palais présidentiel, à Abidjan. Ils se sont retrouvés plus de deux ans après dans un salon de l’hôtel du Golf, ce lieu qui forgea leur alliance contre Laurent Gbagbo. Entretemps, leurs divergences auront été à l’origine d’une nouvelle crise politique, qui a fait au moins 85 morts depuis le mois d’août, selon un bilan officiel publié ce mercredi.
Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié se sont rencontrés ce mercredi en fin de journée. Le chef de l’État ivoirien est arrivé le premier, peu avant 17h GMT, suivi de son aîné quinze minutes plus tard. « Et comment va Dominique ? », a d’abord demandé Bédié. « Dominique va bien », lui a répondu Ouattara.
Les deux anciens alliés ont échangé pendant 45 minutes en présence de Fidèle Sarrassoro, le directeur de cabinet du chef de l’État, et du général Gaston Ouassénan Koné, l’un des vice-présidents du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié se sont ensuite isolés quelques minutes avant de s’adresser à la presse.
« Nous avons brisé le mur de glace »
Le premier a évoqué « un entretien fraternel pour rétablir la confiance ». « Nous avons convenu que la paix est la chose la plus chère à tous les deux et à tous les Ivoiriens. Ceci était une première rencontre pour briser la glace pour rétablir la confiance. Nous avons convenu de nous revoir très prochainement pour continuer ce dialogue qui a bien démarré. La confiance est rétablie », a affirmé le président ivoirien.
Nous allons continuer de nous téléphoner, de nous rencontrer ».
« Par la rencontre d’aujourd’hui, nous avons brisé le mur de glace, le silence. Nous allons, dans les jours et les semaines à venir, continuer de nous téléphoner, de nous rencontrer pour que, enfin, le pays soit ce qu’il était avant », a enchaîné Bédié avant d’être raccompagné à son véhicule par le chef de l’État.
Discrets intermédiaires
Selon nos sources, si le principe de la rencontre était acquis depuis au moins dix jours, tout s’est accéléré ces derniers jours sous l’impulsion de discrets intermédiaires et la pression de la communauté internationale – la France en tête. Et ce malgré les réticences de certains cadres du PDCI. Détenu depuis le 4 novembre, le neveu et chargé du protocole de Bédié, Jean-Claude N’dri, avait été libéré lundi. Le blocus imposé depuis le 3 novembre autour de la résidence de Bédié avait ensuite été levé mercredi à la mi-journée.
« Cette rencontre était avant tout symbolique, confie une source proche des négociations. C’est le début d’un long processus qui pourrait prendre plusieurs mois avant que la situation ne s’apaise complètement. »
Au lendemain du scrutin du 31 octobre, les principaux leaders de l’opposition, qui l’avaient boycotté, avaient annoncé ne pas reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara et créé un Conseil national de transition (CNT), dirigé par l’ancien président Bédié. Cette décision avait provoqué la colère du chef de l’État ivoirien, l’ouverture d’une instruction judiciaire et l’arrestation de plusieurs personnalités, comme Pascal Affi N’Guessan, Albert Mabri Toikeusse, Maurice Kakou Guikahué ou Narcisse N’dri.
Source: Jeuneafrique