L’agitateur en chef de la majorité, ancien conseiller de Macky Sall, a été exclu du parti présidentiel début juillet après avoir ciblé des proches du pouvoir. Portrait d’un sniper en rupture de ban.
« Bonjour. Je ne souhaite pas parler de ce personnage grossier. » Écrire sur Moustapha Cissé Lô, c’est s’exposer à quelques réticences au sein des mondes politique et médiatique sénégalais. Même de la part de ceux qui assurent pourtant ne pas avoir de griefs particuliers contre lui. Surnommé « El Pistolero » parce qu’il a la gâchette facile, au sens propre comme au figuré, l’homme est une personnalité clivante.
L’homme à abattre
Passé par le Parti socialiste puis par le Parti démocratique sénégalais (PDS) d’Abdoulaye Wade, ce natif de Louga, âgé de 66 ans, est ensuite devenu un allié indéfectible du président Macky Sall… avant de devenir l’homme à abattre au sein du parti présidentiel.
S’il ne s’est jamais distingué par sa discrétion, il a cette fois – de l’avis de son parti – dépassé les bornes. Début juillet, des conversations audio dans lesquelles il accuse l’entourage du chef de l’État de détournements de deniers publics font le tour du web. Cissé Lô pointe du doigt des proches du pouvoir qui profiteraient de manière abusive de la distribution de semences, critique l’attribution de certains contrats publics, évoque même la question du narco-trafic, parle d’une « Guinée-Bissau drogue Connection ».
Dans son viseur, le directeur général du quotidien national Le Soleil, Yakham Mbaye, le député Farba Ngom ou encore l’entourage du parlementaire Aymérou Gningue. Ces accusations lui vaudront une plainte et une convocation par les enquêteurs de la Brigade de recherches. Sur le plan politique, il est exclu de l’Alliance pour la République (APR, le parti présidentiel) et du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar (BBY).
Jeuneafrique