À deux mois des élections législatives annoncées pour le 16 février 2020, et alors que l’opposition, dont il est l’un des chefs de file, est vent debout contre le projet de nouvelle Constitution, l’ancien Premier ministre du général Conté se dit déterminé à perturber l’agenda présidentiel.
Si le duel entre Alpha Condé et son principal opposant, Cellou Dalein Diallo, polarise le débat, le président de l’Union des forces républicaines (UFR), Sydia Touré, fait figure, à 74 ans, de troisième homme sur la scène politique guinéenne. S’il a inscrit ses pas dans ceux du chef de file de l’opposition, relayant les appels à manifester lancés par le Front national de défense de la Constitution (FNDC) et participant aux marches contre la réforme constitutionnelle, l’ancien Premier ministre de Lansana Conté a déjà, en ligne de mire, la présidentielle de l’an prochain.
Après avoir été le Haut représentant d’Alpha Condé, un poste auquel il avait été nommé en 2015, Sidya Touré a démissionné en décembre dernier. En brisant l’alliance qu’il avait nouée avec le chef de l’État, il s’était alors attiré de virulentes critiques au sein du camp présidentiel, où certains l’accusaient de « populisme » et de calculs politiciens.
« Sidya Touré se positionne en alternative pour les électeurs qui ne se retrouvent ni dans la mouvance présidentielle, ni dans l’opposition incarnée par Cellou Dalein Diallo », jugeait alors une source proche de la présidence. Lui affirmait au contraire que, faute de moyen, il n’avait pu atteindre les objectifs qu’il s’était fixé, et dénonçait une « organisation de l’État [qui] relève de l’informel ».
Un an plus tard, s’il affirme donner la priorité au combat porté par le FNDC, et à l’alliance temporaire qu’il a noué avec ceux qui s’opposent à la révision constitutionnelle, au premier rangs desquels l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré refuse cependant d’être dépeint comme étant dans l’ombre du chef de file de l’opposition.
Il n’hésite d’ailleurs pas à rappeler que ce dernier a été sous ses ordres lorsqu’il était Premier ministre. Surtout, passée le temps des alliances de circonstances, Sidya Touré a bien l’intention de mener campagne tambour battant. Et dans cette perspective, les législatives de février prochain seront un premier test pour mesurer le poids de son parti.
Jeune Afrique : Une réunion a rassemblé la majeure partie des leaders de l’opposition politique, jeudi 28 novembre. Le FNDC n’était pas présent. Pourquoi cette réunion uniquement politique ?
Sidya Touré : Les législatives étaient à l’ordre du jour. Nous constatons que la campagne d’assainissement du fichier électoral ne se déroule pas dans les meilleures conditions. Certaines machines, qui doivent permettre l’enrôlement des électeurs, sont tombées en pannes. Des opérateurs de saisie n’ont pas encore perçu le salaire qui leur a été promis.
Ces dysfonctionnements nous alertent d’autant plus que la campagne ne doit théoriquement durer que 25 jours, et nous avons peur que le processus soit bâclé. Nous avons dressé un rapport au cours de cette réunion, qui va être transmis à la Ceni [Commission électorale nationale indépendante, NDLR], puis, nous publierons un mémorandum dans lequel sera exprimée la position commune de l’opposition.