Ce samedi 07 décembre 2019 à Nongo, le président du PADES, Dr. Ousmane Kaba nous a accordé un entretien pour nous parler de sa rencontre avec le général Sékouba Konaté, Lansana Kouyaté en France; sur le processus électoral ; mais également sur la sortie du chef de l’Etat à Kankan.
On vous a vu sur les réseaux sociaux avec l’ancien président par intérim Sékouba Konaté, mais également l’ancien premier ministre Lansana Kouyaté. Que peut-on savoir ces rencontres ?
Ce sont juste des visites fraternelles, en plus comme vous le savez toutes ces deux personnalités sont des démocrates qui se battent pour le bien de la Guinée. Donc c’est tout à fait normal que l’on échange. C’est tout comme j’échange avec le premier ministre Sidya Touré ou bien Cellou Dalein Diallo. C’était juste des visites de courtoisie.
Il y a un débat de la nouvelle Constitution qui fait rage dans la cité. Avez-vous échangé sur ce sujet ?
Tous les Guinéens sont préoccupés sur l’avenir de la Guinée. Qui dit aujourd’hui l’avenir de la Guinée, dit dans quoi nous sommes. Nous sommes à la fin, je rappelle du deuxième et dernier mandat.
Malheureusement le détenteur : le président de la République n’est pas du tout clair. Il veut forcer pour un troisième mandat et tous les Guinéens sont préoccupés, parce que ça va mettre en mal la stabilité de notre pays. C’est la raison pour laquelle tous les pays africains :
Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest, l’Union africaine, les pays occidentaux. Donc on ne peut échapper à cela.
Toutes ces personnalités ont réaffirmé leur position d’être pour l’alternance. Pour l’enracinement de la démocratie en Guinée. Je crois c’est le point commun de tout le monde.
Votre séjour à l’extérieur n’était pas que politique. A-t-on appris ?
En fait, l’objet de mon voyage, ce n’était pas du tout politique. Je suis allé en Pologne dans le cadre des accords interuniversitaire et comme vous le savez les accords interuniversitaires reposent sur trois pointes : l’échange des étudiants, des professeurs et le domaine de la recherche. Voilà ce qui me passionne. De passage à Paris, j’ai rencontré les personnalités politiques de notre pays. Mais l’objet de mon voyage n’était pas politique. Comme pour rappeler à tout le monde qu’en Guinée. Il y a autre chose que la politique, rire.
Les élections législatives se pointent à l’horizon. Votre parti croit-il à la tenue de ces consultations ?
On n’est pas à la mosquée pour croire ou pas. Nous sommes sur le terrain politique. En tant que parti politique notre vocation, c’est d’aller aux élections. Ceci dit, on remarque qu’il y a beaucoup de problèmes autour de ce processus. Le recensement ne se fait pas correctement, aujourd’hui tout le monde en est conscient. Sur toute l’étendue du territoire des jeunes gens qui ont moins de 18 ans sont en train de se faire recenser. Pas seulement d’ailleurs du côté du pouvoir. Ça veut dire que nous avons une question fondamentale à nous posons en tant que Guinéen : est-ce que nous voulons réellement la stabilité dans notre pays. J’ai l’impression nous avons un vrai problème, c’est que ce pays manque de l’éthique et de moral, à tous les niveaux, c’est extraordinaire. Les chefs de quartiers de tous les bords sont en train de faire de n’importe quoi sur le processus électoral. J’ai bien peur que nous ayons des problèmes.
Le dialogue politique a été rouvert. Quelle est votre lecture des choses ?
Pour le moment, je constate qu’on a libéré tous les prisonniers politiques du front national pour la défense de la Constitution, ce qui est un premier pas, qui va dans le bon sens. Nous allons maintenant voir le contenu de ce dialogue. Pour voir si le gouvernement écoute réellement. Si la Commission électorale nationale indépendante écoute les acteurs politiques qui sont dans le processus électoral. Mais le plus important pour notre pays, c’est vraiment le travail de la CENI. Si elle ne fait pas son travail correctement : le recensement, afin d’avoir un bon fichier électoral fiable. Je pense que nous allons vers des difficultés et la déstabilisation du pays. Il faut que les Guinéens comprennent que tout ne revient pas seulement au président de la République, ni au gouvernement. Chacun d’entre nous est comptable quelque part. Si on met les adultes à la CENI. Il faudrait vraiment que les gens-là fassent leur travail qu’ils ne mettent pas la Guinée dans de problèmes. Parce que les élections mal préparées génèrent de frustrations. Je sais de quoi je parle puisse que j’ai vécu en direct les dernières élections locales ? J’étais à Kankan. Là-bas, on rencontrait les gens avec plein de procurations. Vraiment c’était la tricherie à une échelle que je n’ai jamais vu, ça veut dire que si on continu dans ce sens, la Guinée va vers beaucoup de difficultés. Et les premiers responsables sont déjà ceux qui sont à la CENI. Je rappelle qu’ils ont tous plus de 18 ans, personne n’est obligé de respecter les consignes qui vont contre l’intérêt de ce pays. Donc j’en appelle réellement au niveau des consciences, les commissaires de la CENI qui sont responsables aussi devant l’histoire.
C’est trop facile de dire toujours j’ai reçu des ordres. Même les militaires ne peuvent pas recevoir des ordres qui sont contraire à l’humanité. Chacun garde son libre arbitre. On ne peut pas être dans un pays où tous les adultes sont malhonnêtes, ça ne peut pas aller comme. C’est trop facile de dire non, c’est le pouvoir ou tel parti politique. Il faut que les responsables, ceux qui sont à la CENI soient tenus comptables de leur comportement.
Quelle est votre impression par rapport à la sortie du chef de l’Etat à Kankan. Qui a qualifié les ressortissants de Kankan d’avoir trahit la localité pour rejoindre l’opposition ?
J’ai déjà répondu à cette question où on demandait de ne pas nous recevoir. Mais j’ai cru comprendre que c’est nous qui recevons, rire.
Deuxièmement être pour la Constitution, pour l’unité nationale, à ce que je sache, c’est de ne pas trahir son pays. Ceux qui sont pour l’argent, pour le pouvoir facile, ce sont eux qui trahissent leur pays. C’est le lieu de rappeler à tout le monde qu’on ne peut traiter à la fois de la même manière l’opposition et la mouvance présidentielle. Parce qu’il faut être particulièrement courageux pour faire partir de l’opposition. Quand on cherche son intérêt personnel, on va dans l’opposition, on reste avec le pouvoir. Tous ceux qui ont plus de 18 ans. Il faut qu’on fasse une révolution d’éthique. Qu’on soit moins malhonnête. Tout le monde sait qu’être dans l’opposition, c’est difficile. Si tu veux recevoir de l’argent, tu vas avec le pouvoir. Si on continu à traiter tout le monde de la même manière, le pays ne va s’en sortir. Parce qu’on ne fait plus la différence entre le bien et le mal. Voilà un problème qui est très simple : un président de la République qui atteint la limite de son deuxième mandat. Et qui doit partir, tout le monde le voit. Et brutalement on se réveil. On dit nous on n’est pas d’accord. Il faut changer les règles de jeu. Alors c’est plus honnête de se battre pour l’alternance, les principes, la loi ou bien plus honnête d’aller vers la facilité. C’est une question citoyenne, ce n’est pas seulement les hommes politiques. C’est vous. Les jeunes Guinéens. C’est votre avenir qu’on est en train de préparer. C’est plus facile pour nous d’être d’accords avec le pouvoir, comme ça, on n’a pas de problèmes. Mais vous, vous aurez des problèmes. Quel est le pays qu’on veut vous léguer, c’est toute la question. Est-ce que c’est un pays de démissionnaires, des gens malhonnêtes ou bien un pays de droit qu’on veut vous transmettre. Il faut que nous ayons le courage de travailler pour un pays qui marche. Un pays ne peut marcher pas sans ses règles, sans ses lois, sa Constitution c’est un pays qui est voué à l’échec.
ET la Constitution est la loi suprême dans un pays. Il faut que nous soyons capables de respecter cela. Et il faut que vous sachiez que ceux qui se battent pour respecter cette Constitution. Ce sont eux qui se battent pour vous, jeunes de Guinée.