Une mission conduite par le Ministre de la Fonction Publique, de la Réforme de l’Etat et de la Modernisation de l’Administration a pris part au premier forum sur la lutte contre la corruption organisée à Sharm El Sheikh en République Arabe d’Egypte, du 12 au 15 juin 2019. Organisé par l’Egypte, le forum Africain de lutte contre la corruption est le premier du genre sur le continent.
A travers ce forum, la République Arabe d’Egypte entend partager ses expériences dans la lutte contre la corruption, et mettre sur pieds des mécanismes appropriés et des plateformes de coopération entre les pays Africains en la matière.
L’objectif vise notamment , à définir les cadres et les règlementations pour renforcer la lutte dans le continent, éradiquer le crime organisé au moyen d’une gouvernance législative et administrative efficace et utiliser les nouvelles technologies pour mieux suivre, détecter, et réprimer les pratiques de corruption et les actes illicites de blanchiment de l’argent sale et de transfert de fonds La délégation guinéenne conduite par le Ministre Billy Nankouman DOUMBOUYA, était composée du Président de la Cour des Comptes, du Directeur Exécutif de l’Agence Nationale de Lutte contre la Corruption de Guinée, du Directeur National des Affaires Judiciaires et du Directeur National de la Législation au Ministère de la Justice, du Directeur du Secrétariat National à la Réforme de l’Etat et à la Modernisation de l’Administration et d’un député de l’Assemblée Nationale.
La délégation guinéenne a marqué son passage à la tribune par la pertinence de son discours et les initiatives prises par la 3ème République. A ce sujet, le Président de la Cour des Comptes dans son intervention a déclaré que : « la corruption est perçue comme un défi majeur en République de Guinée et constitue l’un des obstacles au développement économique, dans la mesure où elle représente un frein à la mobilisation des ressources financières. D’autre part, elle fausse les règles en matière de concurrence dans la passation des marchés publics et érode ainsi le capital de confiance des populations dans les institutions publiques. »
En effet selon lui, le secteur minier constitue l’un des principaux pourvoyeurs de ressources financières pour le pays, et la corruption et le manque de transparence par le passé, n’ont pas toujours permis de faire profiter l’Etat et les populations des fruits de cette manne financière. Ainsi, l’impact des revenus générés par la forte croissance que l’économie nationale a connu par le passé ( environ 5 à 6 % ), sur le développement économique et social du pays se trouve fortement compromis par une forte prévalence des pratiques de corruption.
L’occasion était opportune pour la délégation guinéenne pour rappeler le classement de la guinée dans le dernier rapport de Transparency International. Le Président de la Cour des Comptes dira à ce propos que : « la prévalence de la corruption reste élevée en Guinée et le pays a été classé en 2018, au rang de 138ème sur 180 pays avec un score de 28/100 par Transparency International, au titre de l’indice de perception de la corruption. » Il rappellera à ce titre deux citations, l’une du Chef de l’Etat Guinéen, Professeur Alpha CONDE, qui a déclaré dans un discours que : « la corruption en Afrique est structurelle » et l’autre du Premier Ministre Dr Ibrahima Kassory FOFANA, qui dans son discours de politique générale tenu devant les élus du peuple en juin 2018 a affirmé je cite : « selon les rapports de 2011 et de 2017 de l’Agence Nationale de Lutte contre la Corruption, le volume des pots de vin versés en Guinée avoisinerait en moyenne 600 milliards de francs guinéens chaque année (soit environ 63 millions de $). Depuis les années 2000, la Guinée s’est engagée dans la lutte contre la corruption sans succès majeur.
Avec le retour de l’ordre constitutionnel en Guinée en 2010, l’arrivée au pouvoir du Chef de l’Etat , Professeur Alpha CONDE aura marqué un tournant décisif dans le combat contre la corruption, avec l’initiation de chantiers de réformes majeures, notamment les réformes du Secteur de la Sécurité, la réforme de l’Etat et de Modernisation de l’Administration ainsi que la réforme du secteur de la Justice, dont l’un des axes d’intervention porte sur la lutte contre la corruption et l’impunité. Ainsi, les autorités de la 3ème République ont inscrit au rang des actions prioritaires, la réforme de la Justice, pour la lutte efficace contre la corruption. Ce qui a motivé le pouvoir central à ratifier les conventions des Nations Unies et de l’Union Africaine pour la lutte contre la Corruption.
Dans cette volonté de définir une stratégie appropriée en matière de lutte contre la corruption, le gouvernement a initié en 2012 et en 2015, deux enquêtes nationales sur la perception de la Corruption et de la Gouvernance, afin de mieux cerner l’ampleur, les formes et les mécanismes de la corruption en Guinée. Pour la mission guinéenne, les résultats de cette enquête ont permis de lancer le processus législatif et institutionnel normatif de la lutte contre la Corruption en Guinée, à travers la conduite des actions suivantes : L’engagement des mécanismes d’examen de l’application de la convention des nations unies contre la corruption, au titre du premier cycle 2010-2015.
L’élaboration, l’adoption et la promulgation de la loi portant prévention, détection et répression de la corruption et des infractions assimilées en République de Guinée ; La validation d’une stratégie nationale de lutte contre la corruption et de promotion de la bonne gouvernance ; La signature d’un Décret portant attribution, organisation et fonctionnement de l’organe chargé de la lutte contre la Corruption et de promotion de la bonne gouvernance ; L’adhésion de la Guinée aux différentes plateformes Africaines et Internationales de la lutte contre la Corruption. De nos jours, les fondamentaux d’une lutte efficace contre la corruption ont été mis en place par le gouvernement guinéen à travers : L’adoption d’un système efficace de passation des marchés publics ; Le renforcement des organes de contrôle administratif, juridique et législatif L’instauration de l’objectif de promotion d’une bonne gouvernance au service du développement durable, comme premier axe du Plan National de Développement Economique et Social (PNDES), pour la période 2016 – 2020, a précisé Mohamed DIARE, Président de la Cour des Comptes. Pour la mission guinéenne, conduite par le Ministre Billy Nankouman DOUMBOUYA, ces réformes initiées pour lutter contre la corruption, témoignent des efforts déployés par le gouvernement, et attestent des avancées significatives réalisées par le pays, pour se hisser au rang des Etats normatifs et coopérants » en matière de lutte contre la corruption. Outre les mesures préventives contre la corruption, le gouvernement entend veiller à l’application correcte des textes législatifs et règlementaires en vigueur dans le cadre de la lutte contre la corruption, ainsi qu’au renforcement de la coopération au plan national et international en la matière.
La mission gouvernementale ambitionne de planifier des ateliers de restitution afin que toute l’administration publique s’approprie des conclusions et des recommandations issues du Forum d’Egypte, pour lutter efficacement contre la corruption en Guinée.