Dans les rangs des vendeurs à la sauvette du château, mercredi dernier était une journée de deuil et de tristesse. Pour cause, le décès prématuré d’Ismaëla Bocar un migrant sénégalais. La sœur du défunt et plusieurs de ses amis vendeurs se sont réunis en fin de matinée, rue Carnot, sur les lieux de l’accident mortel, pour prier à la mémoire du disparu.
Ismaëla Bocar (60 ans) a finalement succombé à ses blessures mardi soir à l’hôpital Pompidou (Paris XVe). Ce vendeur à la sauvette avait été renversé dimanche par un fourgon de la police alors qu’il tentait d’échapper à un contrôle. La tête d’Ismaëla avait alors cogné le centre du capot.
« Mon frère a été tué par la police dans des conditions déplorables, s’indigne Aïssata, la sœur de la victime. Cela fait dix-huit ans qu’il vivait en France. Trop c’est trop ! Ce drame montre une nouvelle fois que nous vivons dans un pays à deux vitesses où les droits de l’homme ne comptent que pour les blancs ».
Ismaëla Bocar Dé était originaire de Sinthiou Bamambé, une communauté rurale du Sénégal où vivent toujours sa femme et ses huit enfants. Il habitait chez son frère à Mantes-la-Jolie.
Les collègues vendeurs rejettent la thèse d’une mort par accident que défend la police. Ils gardent un très mauvais souvenir du policier blessé à la jambe.
« Devant le château, il nous avait maltraités en répétant qu’il faisait son travail, explique Abdou. Nous n’avons jamais de problème avec les policiers de Versailles. Ils nous connaissent tous. Quand ils nous arrêtent, ils nous donnent une amende et nous confisquent notre marchandise, sans difficulté. Mais le week-end ce sont d’autres équipes qui viennent au château et sont toujours tendues ».
Une enquête a été ouverte par l’inspection générale de la police nationale. Le parquet de Versailles a été également saisi pour faire toute la lumière sur cette affaire.
desarmons.net/Afrikmag