Les femmes des partis politiques de l’Opposition républicaine ont déposé un mémorandum, mercredi, 28 mars 2018, au Ministère de la Justice, Garde des Sceaux (MJGS), pour demander l’ouverture des enquêtes pour 94 militants tués lors des manifestations politiques à Conakry en République de Guinée.
Auparavant, tôt ce mercredi matin ces femmes se sont mobilisées au Buffet de la Gare au quartier Almamiya dans la commune de Kaloum pour une marche pacifique qui les a conduit au MJGS, en passant par le Parc à containers, le Boulevard du Commerce via le Rond-point face au Ministère des Transports.
Ces femmes munies de pancartes et de banderoles, fortement mobilisées pour la cause des 94 victimes, exigent aussi la libération de leurs militants arrêtés lors des manifestations.
Avant de remettre leur mémorandum au ministre de la JGS, Cheick Sako, la porte-parole des femmes de l’Opposition républicaine, Hadja Maïmouna Bah a sollicité, que «les autorités judiciaires les aident à savoir qui tue leurs enfants et maris pendant les manifestations politiques».
Selon les organisatrices, cette marche est organisée pour exiger du pouvoir la publication des résultats issus des urnes lors des élections communales du 04 février 2018, exiger l’arrêt immédiat de l’utilisation d’armes non conventionnelles lors des manifestions pacifiques, et aussi l’identification et le jugement des auteurs de crimes commis lors des manifestations pacifiques, entre autres.
«Ce n’est pas un parti qui est là, ce n’est pas une ethnie qui est là, c’est toutes les mamans de la Guinée qui sont représentées ici. Figurez-vous, c’est nous qui donnons la vie, alors on est fatigué de voir nos enfants tués dans la rue comme des poulets, par ceux qui sont censés les défendre. Donc, nous venons humblement vers votre auguste personne monsieur le ministre, pour vous demander que c’est assez, il faut que ça s’arrête. On n’est tous des guinéens, on n’a pas où aller, c’est l’avenir de ce pays qui est en jeu.
Nous en appelons ainsi à vos responsabilités monsieur le ministre et nous espérons que vous allez nous entendre pour que justice soit rendue pour nos enfants», a déclaré la porte-parole des femmes de l’Opposition républicaine, Hadja Maïmouna Bah.
«Nous venons vous déposer un mémorandum dans lequel nous vous demandons humblement, ouvrer vos yeux, regarder ce qui se passe dans notre pays, on tue nos enfants dans la rue et ont leurs abandonnent là, personne ne se retourne pour regarder, ont leurs enterres toutes seules.
Acceptez nos cris de cœur, l’histoire est têtue, c’est à votre temps, vous devez jouer votre rôle, nous, nous en souviendrons. Arrêtons ces tueries, il y a beaucoup de choses à faire dans ce pays qui ne sont pas de tuer nos enfants», a-t-elle jouté.
En réponse, le ministre de la JGS, Cheick Sako a indiqué, que ce ne sont pas les femmes de l’Opposition qu’il voit en face, mais plutôt des guinéennes.
«Il faut que dans ce pays, on dépasse les clivages politiques. Vous avez dit que vous êtes venues voir le ministre de la Justice, certes, je suis nommé par un clan politique, mais en tant que ministre de la justice de mon pays, je dois appliquer la loi à l’encontre de tous hommes, y compris nos partisans. Certains dirigeants que vous connaissez dans l’opposition peuvent en témoigner, a lancé le ministre.
Poursuivant, le ministre Cheick Sako a rassuré les femmes de l’Opposition, vêtues en rouge blanc, qu’il va leur répondre concernant leur requête sur tous les cas de mort, tout en s’inclinant devant les familles éplorées.
«Sur tous les cas de mort d’homme dans ce pays, il y a une information qui a été ouverte, les avocats de Guinée le savent, certains sont constitués dans certains dossiers au Tribunal de Première Instance (TPI) de Dixinn et celui de Mafanco.
Ceux qui disent que la Justice ne fait rien dans ce pays, on va leur démontrer le contraire. On peut dire que la justice est lente et certains dossiers dorment, ça c’est vrai, mais vous ne pouvez pas apporter de preuve qu’un dossier d’assassinat ou de mort n’a pas été ouvert, ni à Dixinn, ni à Mafanco. Donc, je vais faire la liste de tous ces dossiers pour informer vos mandataires», a promis le ministre
A noter, que cette marche pacifique, encadrée par les services de Sécurité (Gendarmerie, Police), a duré de 11 heures à 15 heures. Elle s’est déroulée sans incident.
AGP