Dans le cadre de la mise en œuvre du projet de renforcement des stratégies de proximité du contrôle citoyen de l’action publique dans les communes de Conakry, l’ONG Club d’Avenir de Guinée a présenté ce jeudi 31 aout 2017, son rapport sur le monitoring dans les cinq communes de Conakry à leurs sièges sis à Madina Boussoura.
A l’entame de son intervention, Keffing Kouyaté présidente de l’ONG Club de l’Avenir a tout d’abord expliqué l’objectif de ce monitoring en disant : « L’objectif général de cette étude est de recueillir des informations pertinentes, permettant d’informer les populations à la base sur les services de santé en général. Particulièrement, il s’agissait d’obtenir des informations sur la façon dont fonctionnent les services sanitaires, les acquis dont dispose leur commune en matière de structure sanitaire, les difficultés auxquelles sont confrontées les populations à la base en termes de soin de santé primaire. Il consiste à déceler les faiblesses et les points forts des services de santé afin de formuler des recommandations pour leur amélioration », a-t-il expliqué.
Selon lui, cette étude porte sur deux catégories de cible notamment, le personnel de santé et les citoyens dans les ménages.
« Ce premier groupe cible de trente-cinq (35) personnes dont sept (7) par commune comprenaient entre autre, les responsables communaux de la santé, les techniciens du service et toutes autres personnes exerçant dans ce domaine à qui un questionnaire a été administré. Les informations recueillis auprès d’eux portaient essentiellement sur leur connaissance générale du service, leur budget en prévision et les réalisations en attente, les préoccupations du service et la qualité des services qu’ils rendent », précise-t-il
Concernant les citoyens dans les ménages il dit ceci : « Pour un total de cinquante (50) personnes dont dix (10) par commue, ce deuxième groupe cible était constitué des hommes et des femmes dans les ménages. Les informations recueillies auprès d’eux portaient de façon générale sur leur fréquentation des services sanitaires, la qualité de l’accueil qui leur a été réservé, la qualité des orientations et des soins reçus, les frais liés à leur soins et enfin leur désir de retourner en cas de nouvelles maladies ».
Parlant des résultats obtenus au cours de ce monitoring, il ressort que 14% des ménages sont à plus d’un kilomètre des structures sanitaires, 38% sont à une distance variant de 500m à 1km, aussi 24% habitent à moins de 500m des structures sanitaires.
Dans les ménages, c’est seulement 10% des personnes qui ne fréquentent pas les structures sanitaires en cas de maladie contre 90% qui le font.
Pour la qualité de l’accueil dans les structures sanitaires, 4% des enquêtés ont jugé très mauvais la qualité de l’accueil qui leur a été réservé lors de leur dernière visite dans une structure sanitaire, 9% parmi eux trouve que cet accueil était mauvais. Par contre, une majorité de 65% juge l’accueil bien et 20% le juge très bien. Toutefois, 2% parmi les répondants n’ont apporté aucun jugement sur la qualité de l’accueil lors de leur dernière visite dans une structure sanitaire.
Appréciation des services rendus :
Il ressort de l’appréciation faite sur la qualité des services rendus 11,1% des ménages enquêtés jugent mauvais la qualité des services rendus lors de leur dernière visite dans les structures de santé. Par contre, 73,3% trouvent bien et 13,3% ont jugé très bien les services rendus. Toutefois, 2,2% n’ont donné aucun jugement sur la qualité des services rendus lors de leur dernière visite dans les structures sanitaires.
Au sein des structures sanitaires visités, ce sont seulement 11,1% des patients qui n’ont pas bénéficié d’aide pour les services de leur prise en charge contre près de 9 personnes sur 10 (88,9%) qui ont reçu de l’orientation vers un service de prise en charge.
Orientation dans les structures sanitaires :
Lors de cette enquête, la question sur leur orientation une fois au niveau des services d’accueil des structures sanitaires a été posé aux enquêtés. En réponse, seulement 4,4% des patients ont été orientés par leurs parents lors de leur dernière visite médicale, 11,1% ont été orientés par des vigils et 68,9% par le personnel médical. 20% des patients ont été orientés par des personnes outre que les trois (3) premières catégories.
Pendant le temps passé dans les structures sanitaires lors de leur dernière visite, 13,3% des patients n’ont pas eu d’aide pour des besoins urgents (Aller à la toilette), ce pendant 86,7% ont déclaré avoir eu de l’aide pour ces besoins.
Qualité des soins dans les structures sanitaires :
Dans les ménages, il a été question de demander la qualité des soins dans les structures sanitaires lors de leur dernière visite. Il ressort des résultats que 8,9% des patients estiment qu’elle est d’une mauvaise qualité. Par contre, 71,1% la trouvent bonne et 20% qualifient de très bien la qualité des soins lors de leurs dernières visites dans les structures de santé.
Existence des outils de réjouissance et de protection :
Concernant les outils de réjouissance, ce sont 13,3% de répondants qui ont affirmé avoir un poste téléviseur dans leur chambre d’hospitalisation, 86,7% avaient accès à une radio. Seulement 20% étaient dans une chambre climatisée contre 95,6% qui ne pouvaient se contenter que du ventilateur. Pour ce qui concerne les outils de protection dans la chambre d’hospitalisation, ce sont les 55,6% qui ont eu une protection à travers les moustiquaires.
Canaux d’informations sur la santé :
En général, les citoyens reçoivent les informations relatives à la santé dans leur commune à 91,1% par la radio, 37,8% à travers la famille ou parents ; 44,4% par la télévision ; 6,7% par les voisins ou amis ; 2,2% par les leaders religieux ; 11,9% à travers les mobilisateurs ; 6,7% par le canal du chef de quartier et 13,3% des informations sont reçues à travers les agents de santé.
D’après cette étude, les 68,9% des répondants n’ont pas accès aux services d’urgence de transport conte 31,1% qui ont accès.
Parmi ceux qui n’ont pas accès aux services d’urgence de transport, ce sont 83,9% qui empruntent des taxis, 9,7% utilisent les voitures des voisins. Par contre 6,5% vont à pieds dans les structures sanitaires en cas d’urgence.
Pour les accès aux dossiers médicaux, seulement les 33,3% des enquêtés affirment ne pas avoir accès à leur dossier médial à l’hôpital contre 66.7%.
A la question de savoir si les informations médicales sont bien gardées, les 13.3% estiment que c’est rarement gardé, 43,3% pensent que c’est parfois gardé contre 26,7% qui croient que les informations médicales sont souvent gardées et 16,7% estiment que c’est toujours gardé.
Pour le paiement des frais médicaux à l’hôpital, 53,3% des citoyens interrogés soutiennent que les frais médicaux ne sont pas du tout conformes aux tarifs fixés par l’Etat contre seulement 13,3% qui disent qu’ils sont conformes. Par contre 33.3% des répondants ne savent si les tarifs fixés dans les structures sanitaires sont conformes ou pas à ceux de l’Etat.
Il faut dont signaler que le minimum dépensé par les citoyens durant leurs dernières visites médicales est de 15000 GNF contre un maximum de 1 250 000 GNF avec une moyenne de dépense de 256 000 GNF.
Service social de payement des frais médicaux :
De façon générale, les 95,6% des citoyens des communes de Conakry ne bénéficient d’aucune aide pour le payement de leurs frais médicaux de la part d’un quelconque service social que ce soit contre 4,4% qui reçoivent une assistance sociale pour les frais médicaux.
Information sur la gratuité de l’accouchement et des césariennes :
Sur la question liée à la décision de gratuité de l’accouchement et de la césarienne, seulement 4,4% des personnes enquêtées disent ne pas être au courant de la gratuité de l’accouchement et de la césarienne. Par contre 95,6% sont informés de cette décision.
Les 44,2% des répondants affirment que cette décision n’est jamais appliquée, seulement 9,3% estiment que la gratuité est souvent appliquée. Par contre 46,5% témoignent que cette décision est appliquée dans les hôpitaux.
57,8% des enquêtés affirment qu’ils ont payé de l’argent à l’hôpital lors de la naissance de leur dernier enfant contre seulement 42,2% qui ont bénéficié de la gratuité pendant le dernier accouchement.
Toutefois, ceux ayant déclarés avoir dépensé pour l’accouchement de leur dernier enfant en ont dépensé en moyenne 417 000 GNF.
Propreté des hôpitaux et Centre médicaux communautaire (CMC)
Lors de cette étude, un accent particulier a été mis sur la propreté et d’hygiène dans les hôpitaux et Centre médicaux communautaire (CMC) visités.
Seulement 2,2% des répondants jugent très mauvaise la propreté des hôpitaux et CMC ; 11,1% des enquêtés la trouvent mauvaise contre 71,1% qui la jugent bonne et 15,6% la trouvent très bonne.
Les résultats de ce monitoring illustrent que malgré quelques des efforts durant ces trois (3) dernières années, il y a encore mieux à faire pour l’amélioration des qualités des services au sein des structures sanitaires des communes de la ville de Conakry.
C’est pourquoi, au terme de cette étude et au vu des résultats obtenus, nous recommandons :
A l’Etat et aux autorités sanitaires :
De promouvoir l’accès des citoyens aux services de transport d’urgence médicale (ambulances).
De veiller aux respects des tarifs définis pour les services de santé en général et à la gratuité de l’accouchement et de la césarienne. Doter les structures sanitaires d’une politique communale de santé et vulgariser les moyens de contrôle du respect des règles de l’éthique et de la déontologie dans les structures sanitaires.
A plus de transparence dans la gestion des ressources sanitaires en passant par la publication de toute la traçabilité des subventions qui leurs sont allouées.
De revoir à la hausse le budget du Ministère de la Santé en termes d’infrastructures sanitaires publiques dans les différentes communes et de veiller aux respects des engagements des cahiers de charges lors des travaux de construction/rénovation ou équipement des infrastructures sanitaires publiques.
Aux Partenaires Techniques-Financiers
Le renforcement des capacités des responsables de services des structures sanitaires en vue d’améliorer la qualité des services. De contribuer à l’amélioration des conditions de prise en charge et de protection des patients hospitalisés.
De soutenir d’avantage les ONG dans les actions de sensibilisations et d’informations des communautés sur les mécanismes d’hygiène et de prévention des maladies.
De développer et promouvoir la prise en charge de certains cas de maladie par les services sociaux et humanitaires.
A rappelé que ce projet a été financé par l’Union Européenne à travers le Programme d’Appui à la Société Civile Guinéenne (PASOC), l’ONG Club de l’avenir a réalisé un monitoring dans les cinq communes de Conakry, du 1er au 30 juin 2017 auprès des responsables et travailleurs des services de santé communaux et des populations à la base.
Aboubacar Sylla pour Africavisison7.com