Selon le SENAH (Service National d’Action Humanitaire) le drame de la décharge de Hamdallaye – Concasseur aura fait à ce stade des investigations 9 morts dont 7 mineurs, 7 blessés dont 3 femmes, 2 traumatisés, 4 bâtiments et leur contenu détruits affectant directement 5 familles de 52 sinistrés, admis aujourd’hui dans 9 familles d’accueil.
Au total 148 personnes au moins seraient dans une situation de sinistre et ont besoin d’une assistance en vivres et non vivres. Selon la même source corroborée par nos constats sur le terrain, aucune assistance alimentaire, d’hygiène et de dignité n’a été encore mise en place pour les sinistrés par les services compétents. Selon d’autres acteurs sur le terrain, ce chiffre n’est que la face visible de l’iceberg, des centaines de ménages vivent dans les mêmes situations de risques de catastrophe et de maladies hydriques par manque d’eau potable et de produits d’hygiène. Les puits sont souillés par les eaux de ruissellements issus des immondices nauséabondes. La zone comprise dans un rayon d’un kilomètre carré autour du site est dans une vulnérabilité incompatible à la vie, les habitants sont exposés à d’autres drames plus sérieux si rien n’est fait.
La Guinée est incapable de faire sérieusement face aux catastrophes même les plus basiques par manque de volonté politique. Tout est informel, inapproprié, vicié et routinier. Car les mécanismes sont corrompus par la politique et l’identité. Le décaissement des fonds même en cas d’urgence est d’une lenteur inacceptable. Après plus de 72h aucune action humanitaire n’a été mise en place pour assister les sinistrés. Ces drames à répétition qui tuent de pauvres citoyens ne sont que le résultat de la négligence, de l’incapacité d’anticipation, du laxisme dans l’application de la loi et du manque de professionnalisme des services publics.
Le CNOSCG au nom de la société civile guinéenne demande au gouvernement de mettre en place une commission nationale d’enquête sur les catastrophes pour situer les défaillances et les responsabilités en vue de : recenser les victimes, les dégâts et leurs causes profondes. Cette étape est nécessaire et préalable à un quelconque dédommagement, déguerpissement ou recasement. Après cette phase, le processus de transfèrement de la décharge pourrait commencer dans la sérénité. Toutes ces actions requièrent une mobilisation de la société civile dans son ensemble pour mettre la pression nécessaire sur les autorités nationales et locales. La société civile guinéenne met en garde contre toutes tentatives de retournement de situation au préjudice des populations sinistrées. L’Etat et ses préposés sont les seuls responsables du statut quo. Pour un petit rappel « l’Etat a le monopole de la violence légitime : il fixe les lois, les met en application et sanctionne les contrevenants ». Cette justice doit être équitable et indépendante. On ne peut pas avoir ce privilège sans l’exercer avec responsabilité.
Dr DANSA KOUROUMA Président de la société civile guinéenne (CNOSCG).