Selon le gouvernement guinéen, l’ancien aide de campde Moussa Dadis Camara a été inculpé d’une quinzaine de chefs d’accusations. Un événement salué par les organisations de défense des droits de l’homme.
La liste est longue comme un jour sans riz. Un communiqué du service de presse du ministère guinéen de la Justice publié a dévoilé mercredi 15 mars les chefs d’accusation retenus contre le commandant Aboubacar Sidiki Diakité alias Toumba. Celui-ci est désormais « poursuivi pour des faits de meurtres, de viols, de pillages, d’incendies volontaires, de vols à main armée, de coups et blessures volontaires, d’outrages à agents de la force publique, de tortures, d’enlèvements, de séquestrations, d’agressions sexuelles, d’attentats à la pudeur, de responsabilité de commandement des chefs hiérarchiques et militaires et de complicité ».
L’inculpation de Toumba Diakité avait été confirmée un peu plus tôt à Jeune Afrique par un avocat proche du dossier. Selon le communiqué du gouvernement, l’accusé a, « le 14 mars 2017, été présenté au pool des juges d’instruction chargés de l’information des infractions commises le 28 septembre 2009 ; et, il lui a été fait notification des charges des chefs d’infractions citées plus haut dans le respect strict des droits de la défense ».
Toumba Diakité est accusé d’avoir été le cerveau du massacre du 28 septembre 2009 qui avait fait plus de 157 morts, de nombreux disparus, des blessés et des femmes violées parmi des militants politiques et des membres de la société civile rassemblés au stade de Conakry pour dire non à la candidature présidentielle de Moussa Dadis Camara, alors chef de la junte militaire au pouvoir entre fin décembre 2008 et décembre 2010.
Un procès en 2017 ?
« C’est un acte que nous saluons. Nous l’avons toujours souhaité. C’est une grande avancée dans le dossier du 28 septembre et d’une manière générale pour la justice guinéenne », a réagi Me Hamidou Barry, avocat et membre de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme (OGDH) qui s’est constituée partie civile aux côtés des victimes tout comme la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH). « Nous espérons qu’un procès juste et équitable va s’ouvrir dans les meilleurs délais, c’est-à-dire courant 2017 », conclut l’avocat.
L’inculpation de Toumba Diakité intervient trois jours après son extradition, dimanche soir, de Dakar vers Conakry.
Aussitôt descendu de l’avion, l’ancien aide de camp de Moussa Dadis camara, resté en cavale pendant sept ans, avait été conduit sous bonne escorte à la Maison centrale de Conakry, dans le centre-ville de Kaloum, où il a été placé en détention sous l’œil vigilant du régisseur adjoint, confie une source proche du dossier.
« Il a été, le 13 mars 2017, poursuit le communiqué, procédé à la vérification de son identité afin de s’assurer de la conformité aux renseignements portés dans les pièces du dossier d’extradition. Cette formalité a été effectuée par le procureur de la République près le Tribunal de première instance de Dixinn en présence de trois avocats choisis par M. Aboubacar Sidiki Diakité dit « Toumba ».
Toumba Diakité aurait été entendu en prison, à en croire une autre source proche des organisations de défense des droits de l’homme, qui précise que « c’est le juge qui s’est déplacé pour aller l’entendre sur place ».
Quinze inculpés en tout
Avec Toumba Diakité, le nombre d’inculpés dans ce dossier judiciaire passe désormais à quinze, dont sept hauts responsables au moment des faits. « Il est essentiel que l’instruction soit clôturée le plus rapidement possible, afin que les autorités puissent se conformer à leur engagement de tenir un procès en 2017 », lit-on dans une déclaration commune publiée au lendemain de l’extradition de Toumba Diakité par la FIDH et avec ses organisations affiliées en Guinée.
Amnesty international renchérit que « les autorités guinéennes doivent maintenant s’assurer que le procès ait lieu dans les meilleurs délais, qu’il soit équitable et conforme aux standards internationaux. ». La FIDH invite également le gouvernement guinéen à réunir les conditions d’un retour sécurisé de l’ex-chef de la junte, Moussa Dadis Camara, en exil à Ouagadougou, et de « s’assurer que les autres personnes inculpées dans ce dossier et qui occupent toujours des fonctions officielles, ne puissent influencer le cours de la procédure. À cette fin, elles doivent être placées en congés administratifs jusqu’à la tenue du procès ».
JA