Le Maroc et ses alliés arabes ont boycotté les travaux de ce sommet qui se tient ce mercredi, pour protester contre la présence d’une délégation sahraouie. Le Koweït et l’Égypte, en revanche, ne les ont pas suivis.
Coup de théâtre au quatrième sommet arabo-africain : le Maroc et huit pays arabes se sont retirés de cette réunion qui se tient, ce mercredi 23 novembre, à Malabo en Guinée équatoriale, à cause de la présence de l’emblème « d’une entité fantoche » (la République arabe sahraouie démocratique, RASD, ndlr) dans les salles de réunions, selon le Ministère des affaires étrangères marocain dans un communiqué diffusé le mardi 22 novembre.
Atteinte à la souveraineté marocaine
Le Maroc, qui bénéficie de liens solides avec les pays du Golfe, a pu mobiliser derrière lui l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Qatar, le sultanat d’Oman, la Jordanie, le Yémen et la Somalie qui ont tous annoncé leur boycott. Le Koweït, un des principaux bailleurs de fonds de ce sommet, ainsi que l’Égypte, ne les ont pas suivis dans cette démarche.
Les diplomates marocains considèrent que seul les pays membres de l’ONU ont le droit de siéger à ce sommet, or il se trouve que la RASD n’en fait pas partie. Se disant « conscient de l’importance du partenariat arabo-africain » et « renouvelant sa grande considération » à la Guinée équatoriale, ils affirment qu’il « ne peuvent tolérer le non-respect de la souveraineté des États et de leur unité territoriale », pourtant consacrées lors des précédents sommets arabo-africains.
Comment le différend a éclaté
La RASD a toujours été empêchée de siéger à ce sommet qui s’est tenu jusqu’à maintenant dans trois capitales : au Caire en en mars 1977, à Syrte (Libye) en octobre 2010, et enfin, au Koweït, en novembre 2013. C’est lors de cette dernière session qu’il a été convenu d’organiser le prochain rendez-vous en Afrique. Et c’est la Guinée équatoriale qui a été choisie par l’Union africaine (UA) pour l’accueillir.
Le sommet de ce mercredi a été précédé d’une rencontre préparatoire des ministres des Affaires étrangères arabes et africains lundi 21 novembre, durant laquelle le ministre marocain chargé des Affaires de la migration, Anis Birou, s’est opposé à la présence d’une délégation sahraouie, indique le journal arabophone Al Quds Al Arabi, basé à Londres. Malgré les tentatives de réconciliation entre le clan africain, qui considère que la RASD est membre de l’UA, et le clan arabe, qui affirme qu’elle n’est pas admise au sein de la Ligue arabe, le Maroc a pris la décision de se retirer, entraînant ses alliés avec lui.
Ce retrait ne manquera pas d’affecter un sommet où le sujet de l’accélération des flux arabes vers le continent est censé occuper le cœur des débats. Selon la note d’orientation officielle de cette rencontre, les chefs d’État devraient entériner la création d’un fonds arabo-africain en cas de catastrophe, ainsi que différents accords liés à la problématique migratoire et à la lutte contre le terrorisme. Au programme aussi, l’adoption d’un rapport sur la mise en oeuvre des initiatives de l’émir du Koweït sur l’investissement et le développement.
Le Koweït et l’Égypte ne boycottent pas
En 2013, l’émir du Koweït, Cheikh Sabah al-Ahmed al-Jabir al-Sabah, avait annoncé que son pays verserait un milliard de dollars (740,5 millions d’euros) de prêts à faible taux d’intérêt à des pays africains dans les cinq prochaines années, via le Fonds koweïtien pour le développement économique arabe.
Selon le journal koweïtien Al Raï, il est arrivé le 22 novembre à Malabo à la tête d’une importante délégation ministérielle pour participer à ce sommet et a été reçu par le président équato-guinéen. La presse égyptienne indique, pour sa part, que le président Abdel Fattah al-Sissi a atterri à Malabo le même jour pour prendre part à ce sommet.
Leur hôte, le président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, avait participé au sommet des chefs d’État à la COP22 qui s’est tenu le 15 novembre à Marrakech et avait prononcé un discours lors du sommet africain de l’action le lendemain.
JA