Le chef du principal parti d’opposition en Gambie, Ousainou Darboe, et 17 co-accusés ont été condamnés mercredi à trois ans de prison ferme pour plusieurs chefs d’inculpation, dont celui d’avoir manifesté illégalement, a annoncé le tribunal qui les a jugés.
Ousainou Darboe, chef du Parti démocratique uni (UDP) et les autres prévenus ont comparu devant la Haute cour de Banjul. Tous étaient visés par plusieurs chefs d’inculpation, dont rassemblement illégal, incitation à la violence et complot. Tous ont plaidé non coupable.
« Je vous déclare coupable de tous les chefs d’accusation » à l’exception d’un seul, celui d’ « incitation à la violence », « qui a été abandonné », selon la décision de la cour lue par un juge. Un homme seulement a été acquitté. Tous ceux reconnus coupables ont été reconduits sous escorte à la prison principale de Banjul, Mile Two.
Arrêtés en marge de manifestations
Ousainou Darboe et ses 17 co-prévenus font partie de plusieurs dizaines de militants et sympathisants de l’opposition arrêtés sur plusieurs jours, puis inculpés en lien avec les manifestations organisées les 14 et 16 avril en Gambie.
La manifestation du 14 avril visait à réclamer des réformes politiques. Elle a été suivie par l’arrestation de plusieurs opposants, dont Solo Sandeng, secrétaire national à l’organisation de l’UDP, décédé en détention selon son parti et Amnesty.
Les opposants sont de nouveaux sortis dans la rue le 16 avril pour dénoncer son décès en détention. Cette manifestation, réprimée, s’est soldée par de nouvelles arrestations, incluant le chef de l’UDP Ousainou Darboe.
Une Gambienne naturalisée américaine condamnée
Le verdict a été accueilli par des cris et pleurs de membres de familles des prévenus et sympathisants de l’opposition présents à l’extérieur de la salle d’audience.
Parmi les condamnés figure Fanta Darboe Jawara, 45 ans, une Gambienne naturalisée américaine, qui habite dans le Maryland (est des États-Unis). Selon ses proches, elle a été arrêtée alors qu’elle attendait un taxi après une des manifestations.
Les accusés avaient été arrêtés après des manifestations organisées en avril, d’abord pour réclamer des réformes politiques puis pour protester contre le décès en détention d’un responsable de l’UDP.
Amnesty demande leur libération immédiate
Peu après l’annonce du verdict, l’organisation Amnesty International a demandé la libération « immédiate et inconditionnelle » des prisonniers dans un message électronique à l’AFP à Dakar.
« Ousainou Darboe et les autres opposants (détenus) n’auraient jamais dû être arrêtés, et encore moins traduits en justice. Amnesty considère comme des prisonniers d’opinion toutes les personnes détenues pour avoir manifesté pacifiquement » en Gambie, a déclaré le directeur adjoint de l’ONG pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Stephen Cockburn.
« À moins de cinq mois de la présidentielle, les autorités gambiennes devraient prendre des mesures urgentes pour que les gens qui veulent s’exprimer puissent le faire sans crainte de représailles. Et si elles ne le font pas, la communauté internationale ne devrait pas regarder faire », a ajouté le responsable.
Élection présidentielle dans cinq mois
L’élection présidentielle gambienne est prévue le 1er décembre, un scrutin à tour unique auquel est candidat le chef de l’État Yahya Jammeh. Son régime est régulièrement accusé par des ONG de disparitions forcées et de harcèlement de la presse et des défenseurs des droits humains.
AFP