Il a fallu une « traque sans relâche » pour mettre la main sur Mamadou Oury Bah, plus connu sous le nom de Bah Oury, le désormais vice-président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), si l’on en croit à la décision de ce parti politique. C’est en effet après une descente chez lui au quartier Lambagni, puis au siège de l’UFDG où il était de passage avec les enquêteurs guinéens et enfin à Kaporo que nous avons réussi à coincer celui que le parti incriminé considère comme responsable des affrontements qui ont conduit à la mort du journaliste d’AFRIK.COM.
Envoyé spécial à Conakry,
Dans un salon, en compagnie de deux de ses conseillers, Bah Oury, qui s’est dit « exténué après des jours passés sans sommeil », a, ce mercredi 10 février 2016, écarté toute implication dans la mort de Mohamed Diallo. Entretien.
Pouvez-vous revenir sur la mort du journaliste Mohamed Diallo ?
Il m’est difficile de parler de cette tragédie parce que c’est comme si nos deux destins se sont croisés à un moment fatidique, et malheureusement, il a dû probablement prendre la balle qui m’était destinée. C’est avec une grande tristesse, que de jour en jour, j’apprends comment les circonstances ont été telles pour que je puisse être amené à dire certaines choses. A sa fille, à sa femme et à ses parents, je leur exprime toute ma compassion et je leur présente mes condoléances. Et la mort de leur frère, époux et enfant ne restera pas impunie.
Vous êtes accusé d’être à l’origine des affrontements, étant notamment venu, accompagné de nervis, comme l’a dit Cellou Dalein Diallo…
C’est un mensonge cette déclaration. Je suis venu, accompagné de deux amis et d’un journaliste, pour assister à la réunion hebdomadaire du Bureau exécutif, comme je lavais annoncé une semaine plus tôt. Pour le moment, il faut laisser la justice la justice mener ses enquêtes et faire découvrir la vérité au monde entier.
Le conflit proviendrait de votre exclusion…
Cette décision est l’aboutissement d’un long processus de mise en œuvre d’un complot contre Bah Oury. Ils se sont précipités de convoquer une réunion extraordinaire du Conseil politique élargi, le jeudi soir, pour prendre cette décision, alors que toutes les démarches de médiation étaient concluantes, à savoir que vendredi, Bah Oury viendrait saluer l’institution politique à travers le Bureau exécutif. Pour être plus précis, le mercredi, dans l’après-midi, le doyen El Hadji Sékou Yaya Barry m’avait recommandé de me rendre comme prévu au siège, le vendredi, sans être accompagné de garde du corps. Et c’est ce que j’ai fait. Donc, il n’y a pas eu de heurts entre deux groupes dans l’espace extérieur au siège.
Que s’est-il passé à votre arrivée ?
Avant mon arrivée, le portail a été bloqué et je l’ai poussé pour l’ouvrir. Il y’avait tout un groupe de personnes à l’intérieur, qui empêchaient son ouverture. Les militants m’ont aidé à pousser le portail. A un moment donné, le portail s’est entrouvert et j’ai reçu un coup sur la tête. J’étais quasiment assommé. Par la suite, j’ai vu une personne escalader le mur et jeter un bâton sur les gens qui étaient à l’extérieur. Il s’en est suivi un premier coup de feu puis des jets de pierre, déclenchant le sauve-qui-peut. A ce moment précis, des gens sont venus me couvrir pour éviter que je reçoive un projectile quelconque. A un moment donné, j’ai trébuché, et c’est à ce moment qu’une des personnes qui me couvrait à reçu un coup de poignard qui m’était visiblement destiné. Heureusement que sa vie n’est pas en danger. C’est ainsi qu’ils m’ont fait traverser les deux voies. Mon entourage m’a indiqué que c’est au moment où je m’apprêtais à être embarqué dans une voiture, qu’il y a eu un autre coup de feu. Si c’est ce coup de feu qui a atteint le journaliste, je suppose que la balle m’était bien destinée.
Pourtant le camp de Cellou Dalein Diallo a affirmé que vous êtes venu au siège armé… . C’est une diffamation et une accusation très grave, et qui est sans fondement.
Vous confirmez que vous n’êtes pas venu armé comme l’auraient dit certains à Cellou Dalein Diallo ?
Je suis venu pacifiquement, accompagné de deux amis et d’un journaliste. Visiblement, que je suis tombé dans un guet-apens dont l’objectif était de m’assassiner. Puisque j’ai reçu un violent coup sur la tête, un des jeunes qui me protégeait à reçu un coup de poignard qui m’était sans doute destiné et malheureusement la balle qui a fauché Mohamed Diallo m’était visiblement destiné. J’ai bénéficié de la baraka, raison pour laquelle nous sommes en train de faire cette interview.
On suppose que la mort de Mohamed Diallo est liée à l’UFDG, notamment à Cellou Dalein Diallo et à vous…
Laissons la justice faire son travail en toute sérénité. Je souhaite que la lumière soit faite sur cette tragique affaire car, en plus du meurtre d’un journaliste, il y a eu tentative d’assassinat sur ma propre personne et une série de diffamations irresponsables répandues un peu partout à travers le monde. Il y a eu enfin la dégradation de l’image du parti.