L’Arabie saoudite, deuxième producteur de pétrole mondial, a beaucoup à perdre dans la transition énergétique que doit impulser le futur accord de Paris sur le climat, et se retrouve accusée de vouloir limiter sa portée pour retarder le crépuscule de l’or noir.
« Pendant longtemps, l’Arabie saoudite n’a pas été en première ligne dans ces négociations, mais là, ils bloquent à peu près sur tous les sujets », affirme à l’AFP Pascal Canfin, expert auprès du World resources institute. « Ils essaient d’affaiblir l’accord pour qu’il affecte le moins possible leur économie », renchérit Harjeet Singh, de l’ONG Action Aid, car « ils ont tout à perdre et pas grand chose à gagner ».
Le royaume saoudien tire l’essentiel de son produit intérieur brut des exportations de pétrole et est assis sur les plus grandes réserves connues de pétrole. Les scientifiques estiment que la plupart des réserves d’énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) devront être laissées dans les sous-sols pour limiter la hausse de la température mondiale en dessous 2°C, l’objectif poursuivi par les 195 pays participant aux négociations sur le climat au Bourget.
Cela implique que les pays opèrent une révolution énergétique, en délaissant rapidement le charbon et le pétrole pour produire de l’électricité: un virage possible grâce aux énergies renouvelables, en plein essor et aux coûts de plus en plus compétitifs, ou au nucléaire. Mais Ryad ne l’entend pas ainsi.
À la tribune de la COP21 lundi, le ministre saoudien du pétrole Ali Al-Naimi s’est dit favorable au solaire et à l’éolien, au gaz, et à la capture/stockage du carbone. Mais il a aussi appelé de ses voeux à « des politiques de réduction d’émissions de gaz à effet de serre qui ne discriminent aucune source d’énergie ».
Auteur: 7sur7.be