Au moins 34 policiers ont été tués et environ 300 blessés depuis le début, fin avril, du mouvement de contestation au troisième mandat du président burundais Pierre Nkurunziza, selon un document officiel du ministère de la Santé publique consulté mardi par l’AFP.
« Le ‘mouvement insurrectionnel’ a causé des pertes importantes de tous côtés, et du côté police 34 policiers ont été tués par les insurgés et 293 ont été blessés, dont huit présentent des handicaps » à vie, explique le ministre Alain-Guillaume Bunyoni dans le bilan annuel des activités de son ministère.
Aucun bilan au sein des autres forces de sécurité – service national du renseignement (SNR, rattaché à la présidence) ou armée – ou des contestataires, manifestants ou « insurgés », n’est mentionné.
Mais, selon l’ONU, la crise, déclenchée fin avril par la candidature du président Nkurunziza à un troisième mandat a déjà fait au moins 250 morts et plus de 200 000 déplacés.
« Professionnalisme »
La seule mention du nombre de victimes policières vise « à mettre en lumière les pertes de la police, dont on ne parle jamais », a expliqué le service de communication de la police. Dans ce document, Alain-Guillaume Bunyoni estime que, tout au long de la crise, la police a géré la situation avec beaucoup « de professionnalisme, de loyauté et d’abnégation ».
Un constat inverse à celui de nombreuses ONG de défense des droits de l’homme, locales et internationales, qui ont accusé les forces de sécurité d’usage disproportionné de la force, d’arrestations arbitraires, de torture, ainsi que d’exécutions extrajudiciaires.
La police a notamment sévèrement réprimé, parfois à balles réelles, les manifestations quasi-quotidiennes durant six semaines à Bujumbura. Les affrontements armés entre policiers et insurgés sont désormais quasi quotidiens à Bujumbura.
« Supercherie »
Washington a imposé le 23 novembre des sanctions contre Alain-Guillaume Bunyoni, estimant que « la police avait mené sous son autorité des opérations (…) pour intimider et réduire au silence ceux qui s’opposent au gouvernement », ainsi que contre le directeur général adjoint de la police, Godefroid Bizimana, accusé d’ « usage disproportionné de la force » et d’ « actes de répression violente » contre des manifestants pacifiques.
« Ces sanctions sont une supercherie (…) Je m’en moque éperdument », a réagi lundi le général Bunyoni.