Conakry, 29 octobre 2015–Le sage de Tana, appelé « SotiKemo » (« doyen d’âge » en langue locale), a joué un rôle essentiel dans la lutte contre les rumeursce mois d’octobre. Alors que plusieurs villages du district de Tana (sous-préfecture de Kalia, à Forécariah) faisaient l’objet d’une campagne de cerclagedestinée à identifier les cas suspects d’Ebola, un malentendu a failli tourner court.
Un guérisseur traditionnel est décédé des suites d’Ebola et les équipes de la croix rouge ont sécurisé le corps pour l’enterrement ; ils ont pulvérisé la maison du défunt et ont incinéré le matelas sur lequel il a rendu l’âme, avant de le remplacer par un matelas neuf. Une rumeur provenant d’un ressortissant de Tana installé à Conakry a circulé, laissant entendre qu’une importante somme d’argent avait été brûlée par les agents de manière malveillante. Saisi, le SotiKemo, appuyé par les mobilisateurs sociaux dont l’UNICEF est le Lead, a convoqué une réunion avec les habitants, leur expliquant que la rumeur était fausse et sans fondement.
La période de cerclage est basée sur la limitation des mouvements dans les communautés et s’appuie sur l’entière adhésion des communautés. Elle a débuté le 22 octobre dans cinq localités de la sous-préfecture de Kalia (Tana Centre, Tana MarchéKindonya, Gorè et Sokhomakeleya). Pendant toute la durée de la campagne, les ménages ciblés sont appuyés en vivres et en kits d’hygiène. L’approvisionnement en eau du camp d’hébergement a été assuré par l’UNICEF, à travers l’installation d’un puit de 16m muni d’une pompe électrique. Un réservoir de 5000 litres d’eau a été apportéégalement, comportant une rampe de distribution de 6 robinets.Des écrans de télévision ont été installés dans chaque localité et les populations reçoivent également des soins gratuits pour les affections courantes. Plusieurs causeries éducatives et séances de mobilisation communautaires sont organisées, contribuant aurenforcement de la confiance entre les acteurs de la riposte et les communautés locales. Cette approche a été bénéfique, permettant d’identifier 196 contacts en 4 jours.
Dans le district de Tana, le pire a été évité grâce au sage du village. Dans le cadre de la riposte contre l’épidémie d’Ebola sur le terrain, les partenaires dans la lutte ont souvent été pris à partie par des populations désinformées et manipulées, ce qui a entrainé desconséquencestragiques par le passé. A travers l’intervention du sage, les habitants du village ont compris que les partenaires déployés sur le terrain veillent sur les intérêts de la population guinéenne et ils sont indispensables pour combattre cette épidémie qui n’a que trop duré.