Conakry, le 13 octobre 2015- Le Chef observateur de la Mission d’observation électorale de l’Union européenne en Guinée (MOE UE), M. Frank Engel, a présenté aujourd’hui lors d’une conférence de presse les conclusions préliminaires des activités d’observation du scrutin présidentiel du 11 octobre 2015. M. Engel a déclaré :
« La seconde élection présidentielle démocratique et multipartite en République de Guinée a été marquée par un important élan de participation de la part des citoyens. Nous saluons le civisme et la maturité des Guinéens, mais aussi leur enthousiasme et leur patience malgré les fortes difficultés logistiques qui ont caractérisé le scrutin. La Mission continuera à évaluer l’impact possible de ces défaillances techniques, durant l’organisation du vote, sur la crédibilité des résultats issus des urnes ». Le Chef observateur a aussi noté que : « le vote s’est déroulé globalement dans le calme et nous espérons qu’on puisse se souvenir de ce scrutin comme d’une étape décisive dans le processus de consolidation des jeunes institutions démocratiques du pays, suite notamment à l’accord politique inter-guinéen du 20 août 2015 ». Même s’il est encore perfectible, le cadre juridique guinéen permet d’ores et déjà la tenue d’élections démocratiques en cohérence avec les normes et obligations régionales et internationales. De plus, l’installation récente d’institutions clefs de la République, telles que la Cour Constitutionnelle ou encore la Haute Autorité de la Communication, participe à la consolidation de l’État de droit. Néanmoins, plusieurs insuffisances et lacunes persistent, notamment en matière de droit à se porter candidat, de financement des partis politiques ou encore de contentieux électoral. Bien que les observateurs internationaux aient souligné, en 2013, la nécessité d’orienter la structure de la Commission Électorale Nationale Indépendance (CENI) vers une organisation administrative et technique, afin notamment d’assurer une montée en compétences et d’améliorer son efficacité, la Commission est restée une structure politique. La Mission regrette que cette politisation de la CENI ait affaibli, à différents moments clefs des préparatifs du scrutin, ses capacités techniques et son efficacité, particulièrement dans l’établissement des listes électorales, la cartographie des bureaux de vote ou encore dans la distribution des cartes d’électeurs. Par ailleurs, la communication insuffisante à différentes étapes du cycle électoral et le manque de transparence de la Commission ont conduit à un déficit de confiance de la part de nombreux acteurs du processus. La société civile guinéenne dans son ensemble a confirmé son fort engagement dans le processus électoral de 2015. Des nombreuses organisations ont mis en œuvre des projets d’observation nationale, parfois en collaboration avec l’administration électorale. Les médias guinéens ont bénéficié d’un climat de liberté d’expression tout au long le processus électoral. La MOE UE se réjouit de leurs efforts de collaboration dans une couverture en synergie du scrutin. Union européenne Mission d’observation électorale en République de Guinée Élection présidentielle 2015
M. Engel a conclu : « Il est important que la CENI achève tout d’abord les dernières phases du processus, notamment celle de la compilation des résultats des bureaux de vote et de la totalisation de procès-verbaux des Commissions administratives de centralisation des votes dans la plus grande transparence. À ce propos, nous souhaiterions que la CENI puisse renforcer les mesures de transparence au travers de la publication centralisée des résultats détaillés par bureau de vote dès la proclamation des résultats provisoires. La MOE UE continuera à observer avec attention toutes ces phases cruciales du processus électoral ». Cette déclaration ne contient que les premières conclusions de l’observation. Un rapport final plus détaillé sera remis aux autorités guinéennes à la fin du processus électoral. Ce rapport incluera des recommandations utiles pour l’amélioration des processus électoraux futurs. La MOE UE a été invitée à observer l’élection présidentielle par les autorités guinéennes. La Mission est installée en Guinée depuis le 2 septembre 2015. Dans le cadre de son observation, elle a déployé 72 observateurs dans toutes les régions du pays.