Un traitement modifiant génétiquement les cellules immunitaires de patients souffrant de leucémie lymphoïde chronique (LLC) pour qu’elles détruisent le cancer montre des résultats prometteurs. Une étude relève plusieurs rémissions, sur un échantillon toutefois limité.
Huit des 14 adultes ayant participé à cette étude publiée mercredi aux Etats-Unis ont répondu au traitement. Quatre d’entre eux ont présenté une rémission à long terme et les quatre autres ont réagi seulement partiellement au traitement, selon les résultats publiés dans le journal Science Translational Medicine.
La première personne à avoir été soumise au traitement expérimental a récemment passé le cap des cinq ans de rémission. Deux autres patients n’ont pas connu de rechute depuis quatre ans et demi. Le quatrième avait été en rémission pendant 21 mois avant de mourir d’une infection liée à une opération chirurgicale sans rapport avec la leucémie.
Cette immunothérapie personnalisée, connue sous le nom de CTL019, a été développée par des chercheurs du Abramson Cancer Center et de la Perelman School of Medicine, qui dépendent de l’université de Pennsylvanie (est).
« Les examens conduits sur les patients qui ont connu une rémission complète ont montré que les cellules modifiées restent dans leurs corps pendant des années après y avoir été injectées, sans aucun signe » de cellules cancéreuses, explique l’un des auteurs de l’étude, Carl June, professeur à l’université de Pennsylvanie.
« Cela indique qu’au moins certaines des cellules CTL019 conservent leur faculté à chasser les cellules cancéreuses pendant longtemps », poursuit-il.
Des « tueurs en série »
En 2011, les premiers résultats de l’étude, alors conduite sur trois adultes, montraient que deux d’entre eux étaient entrés en rémission après la première année de traitement.
Ces trois patients avaient peu d’autres choix de traitement. La seule autre option est une greffe de moelle osseuse, une procédure exigeant une longue hospitalisation et qui comporte un risque de mortalité d’au moins 20%. En outre, cette greffe n’offre au mieux que 50% de chances de guérison.
Le traitement expérimental est élaboré à partir des propres lymphocytes T des patients, responsables de la défense immunitaire. Ils sont prélevés puis génétiquement modifiés pour qu’ils soient capables d’attaquer sélectivement les cellules cancéreuses. A l’époque des premiers résultats en 2011, Carl June avait qualifié ces lymphocites T modifiés de « tueurs en série ».
Les chercheurs les programment en outre pour qu’ils accélèrent leur multiplication. Une fois que les lymphocytes T ont été prélevés pour être reprogrammés, le patient est traité par chimiothérapie puis on lui réinjecte ses propres cellules immunitaires modifiées.
Pas d’effets sur certains
Jacqueline Barrientos, oncologiste au North Shore-LIJ Cancer Institute, qui n’a pas participé à l’étude, juge cette approche révolutionnaire. « C’est un moment très enthousiasmant », dit-elle, confiant que de nombreux chercheurs s’attendent à ce que Carl June reçoive le prix Nobel un jour pour avoir ouvert une nouvelle voie dans le traitement du cancer.
D’autres spécialistes estiment que cette étude ouvre une nouvelle perspective pour la signification du mot « guérison » en matière de cancer. « Certains des patients qui sont entrés en rémission offrent sans aucun doute le potentiel pour découvrir un traitement », analyse Joshua Brody, directeur du programme d’immunothérapie du prestigieux hôpital Mount Sinai à New York.
Le traitement expérimental n’a toutefois pas fonctionné pour tout le monde. Quatre patients (29%) ont bien répondu au traitement pendant une moyenne de sept mois avant de voir le cancer revenir.
Et six des 14 personnes qui ont participé à l’étude n’ont montré aucun effet. Les chercheurs tentent de découvrir pourquoi leurs lymphocytes T modifiés ne se sont pas répandus au même rythme que ceux des patients ayant connu une rémission à long terme.
ats