RABAT, Maroc, 1 décembre 2017/ — 150 dirigeants des collectivités locales et régionales d’Afrique et d’Europe se sont réunis à Abidjan, en Côte d’Ivoire, le 27 novembre 2017 dans le cadre du Sommet UA-UE dont le thème est: «investir dans la jeunesse pour un avenir durable».
La réunion a été organisée sous le patronage du Premier Ministre de la Côte d’Ivoire. Les principales allocutions prononcées à la cérémonie d’ouverture comprennent celles: du Président du Parlement Panafricain; du Président de la Commission du Développement du Parlement Européen; du Président du Comité Technique Spécialisé de l’Union Africaine sur la fonction publique, le développement urbain, les collectivités locales et la décentralisation (CTS n° 8); du Représentant de la Présidence Estonienne de l’Union Européenne; du Commissaire des Affaires Politiques de l’Union Africaine, représentant le Président de la Commission de l’Union Africaine; du Directeur Général Adjoint, Division Afrique, Service Européen pour l’Action Extérieure; Responsable de la Cellule des Villes, des Autorités Locales, de la Numérisation et des infrastructures; Direction Générale de la Coopération Internationale et du Développement, Commission Européenne.
Les conclusions du forum comportaient six messages fort à présenter lors du Sommet, mais malheureusement, en raison des contraintes de temps, les organisateurs du Sommet n’ont pas pu attribuer un créneau horaire aux représentants du Forum des Collectivités Locales et Régionales pour présenter les conclusions du Forum aux Chefs d’État et de Gouvernement lors du Sommet, malgré le fait que ce créneau horaire était bien inséré dans le programme officiel du Sommet.
Premier Message
La plupart des difficultés que traversent nos deux régions sont la conséquence du sentiment du citoyen que la gouvernance des deux unions et de leurs pays membres n’est pas appropriée. Pour le corriger, il faut restaurer la confiance entre le citoyen et les pouvoirs publics. Les dirigeants des collectivités territoriales étant les autorités publiques les plus proches des populations, sont bien placés pour reconstruire les relations de confiance entre les populations et le gouvernement, à condition qu’ils soient habilités à le faire. Ce premier message est de vous convaincre qu’un Etat fort et centré sur les populations est un Etat fortement décentralisé et qu’une décentralisation efficace est l’un des meilleurs moyens pour améliorer la gouvernance publique dans nos pays et dans nos unions.
Deuxième Message
Il est temps de changer le paradigme du développement: nos deux régions ne parviendront à relever les défis du changement climatique et à mettre en œuvre les objectifs de développement durable – y compris l’Agenda 2063 ou l’Agenda 2030 -, que si elles s’engagent dans une voie de transition vers un développement durable et inclusif. Cette transition devrait être au cœur du partenariat entre l’Union Africaine et l’Union Européenne. Les collectivités locales et régionales jouent un rôle clé dans le lancement de ce changement de paradigme, dans la mesure où elles sont l’espace où ce changement peut entraîner plus facilement le développement d’économies locales durables et inclusives ainsi que la création d’emplois, en contribuant ainsi à redonner l’espoir aux jeunes qui constituent l’énergie vitale de nos territoires. Les collectivités locales et régionales sont aussi le niveau où valider les résultats du Programme de la Transformation Structurelle de l’Afrique, du Nouveau Consensus Européen pour le Développement et de la mise en œuvre des agendas sur les objectifs de développement durable et le changement climatique adoptés par la communauté internationale.
Troisième Message
Il est nécessaire de promouvoir un désir renouvelé d’unité et de partenariat entre les populations à la fois de l’Union Africaine et de l’Union Européenne. A cet effet, le citoyen au niveau local devrait faire partie intégrante de la dynamique de développement et d’intégration, à la fois à l’intérieur et entre les deux régions. D’où la nécessité de reconnaître les collectivités locales et régionales qui représentent ces populations là où elles vivent, en tant que la pierre angulaire du renforcement de l’Etat et de l’intégration régionale. Elles devraient être en conséquence incluses dans les discussions de tout accord de partenariat entre l’Union Africaine et l’Union Européenne dès la création.
Quatrième Message
Le partenariat devrait contribuer à renforcer un dialogue politique entre égaux, c’est-à-dire entre l’Union Africaine et l’Union Européenne. Les collectivités territoriales des deux régions lancent donc un appel à l’Union Européenne en vue de traiter l’Afrique comme une seule entité, et de ne pas maintenir la division artificielle entre les pays africains riverains de la Méditerranée et les pays d’Afrique subsaharienne. Elles demandent également que tout nouvel accord de partenariat qui succèdera à l’Accord de Cotonou à partir de 2020 soit négocié entre les institutions de l’Union Africaine et de l’Union Européenne, qui sont les représentantes politiques légitimes des deux régions.
Cinquième Message
Il est nécessaire, pour les dirigeants des collectivités locales et régionales des deux régions, de procéder à une révision radicale du discours sur la migration, et à un changement de perspective dans la gestion de cette question, en passant du narratif négatif et principalement axé sur la sécurité, à celui plus positif et axé sur le développement. La migration est liée intrinsèquement à l’histoire de l’humanité. La mondialisation et la migration sont les deux faces de la même médaille. Les villes et les territoires sont les points de départ et d’arrivée des flux migratoires. Les dirigeants des collectivités territoriales des deux continents devraient donc être au premier plan dans la gestion des migrations. Ils lancent un appel en vue d’une révision en profondeur de la politique migratoire de l’Union Européenne, et encouragent l’Union Africaine en vue de définir et mettre en place une; la meilleure option étant que les deux unions conviennent d’une politique commune UA-UE-de migration.
Sixième Message
Compte tenu de leur rôle prépondérant dans la mise en œuvre des agendas nationaux, régionaux, continentaux et mondiaux, les collectivités territoriales soulèvent la question de leur accès au financement pour remplir leur mandat. En premier lieu, elles demandent une répartition équitable des ressources financières publiques entre les différents échelons de la gouvernance publique. Elles préconisent également que le partenariat UA-UE soit appuyé par un instrument juridique et financier unique et calibré, en cohérence avec les ambitions du nouveau partenariat UA-UE. Qu’au moins 20% des ressources de cet instrument ciblent les villes et territoires d’Afrique, en utilisant, le cas échéant, des mécanismes de coopération décentralisée développés entre les collectivités territoriales des deux régions. Elles saluent également le plan d’investissement extérieur de l’UE auquel les collectivités locales et régionales devraient avoir un accès direct afin qu’elles puissent relever les défis de l’urbanisation rapide, du changement climatique, des investissements sur la migration, et de la transition vers un développement local inclusif et durable. Les collectivités territoriales des deux régions demandent l’organisation de dialogues politiques réguliers autour de la question du financement du développement, dont elles devraient faire partie, et apporter leur contribution car elles ont un intérêt dans ce qui importe le plus: l’amélioration des conditions de vie des populations à la base, de sorte que personne ne soit laissée à la traîne.