Des personnes réduites en esclavage rencontrent des difficultés pour s’inscrire à l’état civil mauritanien, condition préalable d’accès aux services de base.
Le rapporteur spécial de l’Organisation des Nations unies (ONU) sur les formes contemporaines d’esclavage, Tomoya Obokata, a appelé la Mauritanie à prendre des mesures urgentes pour accélérer la mise en œuvre de la législation visant à combattre l’esclavage. « La Mauritanie a pris des mesures importantes », a-t-il déclaré à la presse en avertissant que des formes d’esclavage contemporaines et fondées sur l’ascendance existaient toujours.
Au terme d’une visite en Mauritanie, il a appelé à résoudre les problèmes pratiques, juridiques, et les obstacles sociaux qui empêchent les personnes touchées par l’esclavage d’aller en justice et d’atteindre l’égalité, a indiqué le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU. « Les personnes réduites en esclavage, en particulier les femmes et les enfants, sont victimes de violence et d’abus, y compris la violence sexuelle, et sont traitées comme des biens » a-t-il ajouté.
Selon lui, le travail des enfants reste une préoccupation. La mendicité et le travail forcés sont courants dans le secteur informel mauritanien, touchant les migrants aussi bien que les citoyens mauritaniens. Obokata a également reçu des informations selon lesquelles les personnes réduites en esclavage et leurs descendants rencontrent des difficultés pour s’inscrire à l’état civil mauritanien, ce qui est une condition préalable aux services de base.
La Mauritanie est le dernier pays au monde à avoir aboli l’esclavage, en novembre 1981. En 2007, le gouvernement avait voté une loi qui rend l’esclavage une pratique criminelle. Biram Dah Abeid, le président de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), légalisée en janvier 2022, a confié à la DW en mars dernier que le problème de l’esclavage demeurait « intact parce que les juges ont totalement permis aux esclavagistes de dormir sur leurs lauriers ».